La technique : moyen ou fin ?
La technique, ensemble de moyens
Au sens strict, le mot technique désigne toujours un ensemble de procédés, qui permettent de réaliser un but ; mais ils ne définissent pas ce but. C’est à la politique ou à la morale de décider quelles seront les fins au service desquelles des techniques pourront être mises en œuvre. « Un calculateur électronique peut servir une administration capitaliste et une administration socialiste ; un cyclotron est un outil très efficace en temps de guerre, mais il peut aussi servir en temps de paix » (Marcuse, "L’Homme unidimensionnel", Minuit, p. 177). L’esclavage, s’il existe, ne serait pas le fait de la technique, mais le résultat d’une forme particulière prise par le développement technique, dans un système économique déterminé, au cours de l’histoire, bref d’un mauvais usage, possible mais non nécessaire, de techniques en elles-mêmes foncièrement neutres.
Des moyens qui deviennent des fins ?
Dans "Misère de la philosophie" (coll. 10-18, p. 414), Marx affirme que «le moulin à bras vous donne la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur vous donnera la société avec le capitalisme industriel ». H. Marcuse observe que cet énoncé controversé «conteste cette neutralité de la technique». Mais que «cet énoncé est modifié ensuite dans la théorie marxiste elle-même : c’est le mode social de production et non la technique qui est le facteur historique fondamental. Cependant, quand la technique devient la forme universelle de la production matérielle, elle circonscrit une culture tout entière ; elle projette une totalité historique - un "monde" » ("L’Homme unidimensionnel", ibid.). Autrement dit, le rapport de la technique avec les différents plans de la vie sociale n’a pas la simplicité qu'on imagine parfois. La technique n’est ni totalement indépendante des formes d'esclavage qu'une société produit, ni la cause directe de celle-ci. C'est l'étude de ces rapports qu’il conviendrait d'analyser encore.
Penser l’essence de la technique pour s’en libérer ?
Il s’agit en fait de voir que le développement de la technique a non seulement profondément modifié notre manière de nous situer dans le monde et notre manière d’être, mais encore que ces modifications procèdent d’une essence de la technique, qui n'est en elle-même rien de technique. Par essence de la technique, Heidegger désigne le fait que, dans le monde dominé par la technique, on envisage la réalité d'abord dans la dimension de l'utilité (dans le monde dominé par l'essence de la technique, le fleuve est réserve d'énergie, avant d’être fleuve, l’homme force de travail, etc.). Cette manière d’être au monde n'est, pour lui, que l’accomplissement d’une histoire de la métaphysique occidentale dont le fond est l'histoire de l’être et la manifestation la conception dominante de la vérité.
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