La Sauvage de Jean ANOUILH, 1938

• Ce drame en trois actes, classé par Anouilh dans ses Pièces noires, peint la révolte d'un être pur contre l'avilissement dont la pauvreté marque les médiocres et contre la bonne conscience des riches enfermés dans leur bonheur égoïste. • Une jeune violoniste pauvre, Thérèse Tarde, a fait la connaissance de Florent France, pianiste virtuose, issu d'une riche famille bourgeoise, qui, séduit par la force et la pureté de son caractère, s'est épris d'elle et veut l'épouser. Le père Tarde est un triste fantoche qui dirige un petit orchestre minable dont le pianiste, Gosta, non content d'être l'amant de Mme Tarde, soupire maintenant pour sa fille. Pour Tarde et sa femme, ce mariage est une affaire inespérée. Thérèse lutte pour défendre son amour contre les calculs qu'ils étalent devant Florent. Quant à Florent, par habitude du bonheur, il croit pouvoir triompher de tout et apprivoiser sa petite sauvage. Mais, au deuxième acte, Thérèse, les nerfs à vif devant les simulacres de dignité de son père, se rebelle contre le bonheur que lui prépare Florent et cherche à le faire souffrir parce qu'il ne sait rien d'humain. Une larme de Florent la retient au moment où elle s'apprête à fuir. Au troisième acte, tandis que des ouvrières lui essaient sa robe de mariée, la soeur et la tante de Florent, par leurs bavardages sur le bonheur des pauvres qui travaillent, lui donnent honte de passer chez les riches. Quand Gosta, lamentable de désespoir, survient pour assassiner Florent, elle l'apaise et l'éloigne, mais ne supporte plus de trahir son passé : elle part discrètement, sans déranger Florent qui compose, faisant cet aveu : Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m'empêchera d'être heureuse... • Cette idée émouvante, la vigueur des dialogues et la satire sociale assurent l'efficacité dramatique de cette pièce qui est l'une des plus riches d'Anouilh.