LA ROCHEFOUCAULD
LA ROCHEFOUCAULD
François, duc de La Rochefoucauld, sixième du nom, né en 1613, est maître de camp à 16 ans dans le régiment d'Auvergne et se destine à la carrière des armes. Mêlé, avec la duchesse de Chevreuse, à un complot contre Richelieu (ils ont soutenu Marie de Médicis, la reine mère, contre le Cardinal), il est arrêté, emprisonné à la Bastille puis exilé sur ses terres, au château de Verteuil, jusqu'en 1648, refusant dédaigneusement les offres de réconciliation du Cardinal et continuant à correspondre avec ses adversaires, dont Cinq-Mars et de Thou. Il revient à la Cour après la mort de Richelieu, mais s'estimant mal récompensé par la régente Anne d'Autriche (Louis XIII est mort peu après son Premier ministre) il entre (ou plutôt reste) dans l'opposition. Il aime Mme de Longueville, sœur du Grand Condé, « par calcul » et se fourvoie dans les luttes de la Fronde. Il prend Bordeaux avec le duc de Bouillon, en est chassé par Mazarin, se mêle encore aux troubles de la Fronde et essaie de faire assassiner le cardinal de Retz ; il perd la vue au combat que Turenne (autre amoureux de Mme de Longueville) livre dans les faubourgs de Paris aux partisans de Condé en 1652. Il abandonne finalement ses entreprises et se soumet au roi. Il fréquente alors l'hôtel de Mme de Sablé. Ses Mémoires (1662) sont un précieux pamphlet pour éclairer l'époque. Mais son chef-d'œuvre, ce sont ses Maximes, publiées en 1665. Avec une rare pénétration, il s'y exerce à dépouiller, sans illusions sur elle, la nature humaine de tous ses faux-semblants et met à nu l'égoïsme, seul mobile, à ses yeux, de tous nos actes.
LA ROCHEFOUCAULD François de
1613-1680
Moraliste et mémorialiste, né à Paris. Dévoré d’ambition, et, d’ailleurs, intrépide, il combat ferme en Italie, et à Rocroi (1643), complote contre Richelieu, puis, sans plus de succès, contre Mazarin durant la Fronde. Aux côtés de Condé et de la blonde duchesse de Longueville (dont il aura un fils en 1649), il se bat dans Paris, à Bordeaux, à Saumur. Il tâte de la prison. Pendant ce temps son château poitevin de Verteuil est rasé. Mais il repart au combat. Il sera gravement blessé à plusieurs reprises, en particulier au cours de l’attaque du faubourg Saint-Antoine en 1652. De retour dans les ruines de son château poitevin (1658), il regrettera vite le climat des échauffourées de rues, des complots de couloirs : on ne prend pas sa retraite à trente-neuf ans. Quatre années durant, il tient bon ; s’occupe en rédigeant ses Mémoires ; enfin, rentre à Paris, bien qu’il se sache obligé de restreindre sa sphère d’action - la mort dans l’âme - aux salons et aux « ruelles » des précieuses : Mlle de Scudéry, Mlle de Montpensier, et surtout Mme de Sablé, chez qui l’on cultive le genre de la maxime. Pour sa part, il en fait un recueil et plusieurs dames l’encouragent à le publier, en particulier Mme de Sévigné, très influencée par les austères jansénistes. Pourtant l’esprit conquérant du siècle fait, en général, la part plus belle à l’homme, à sa raison, à sa volonté ; et, dans l’entourage même de l’auteur, on s’effraie. Ainsi Marie de Schomberg, ci-devant de Hautefort, écrit en 1663 à Mme de Sablé, l’admiratrice et l’amie de l’auteur : «Je ne sais si cela réussira imprimé, mais si j’étais du conseil de l’auteur, je serais d’avis qu’il ne mît point au jour ces écrits qui ôteront, à tout jamais, la confiance qu’on pourrait avoir en lui. » Quelle œuvre de début n’a pas donné lieu à de telles mises en garde? L’auteur, heureusement, passe outre (notons ce qu’au même moment, et à la même destinataire, déclare Mme de La Fayette : « Nous avons lu les Maximes de M. de La Rochefoucauld. Ha ! Madame ! quelle corruption il faut avoir dans l’esprit et dans le cœur pour être capable d’imaginer cela ! » Quand paraît le livre (1665), il réussit. Cette seconde partie de la vie de La Rochefoucauld qui commence alors, sera consacrée à ses amies (Mme de La Fayette, en particulier). Un instant, il reprend les armes pour se battre aux côtés du roi, devant Lille (1667). Mais, isolé par la goutte, il voit s’éloigner de lui bientôt Mme de La Fayette, et mourir successivement sa femme, puis la duchesse de Longueville, le grand amour de sa jeunesse. Des deux œuvres importantes que nous laissa La Rochefoucauld, celle du moraliste et celle du mémorialiste, celle-ci, qui est en date la première, reste - bien à tort - presque inconnue. Composée sur le même thème et dans le même temps que les Mémoires du cardinal de Retz, l’œuvre adopte un angle de prise de vue diamétralement opposé. Tandis que Retz, prélat sans vocation, nous apparaît à chaque ligne comme une nature de joueur («ravi », nous dit-il, d’avoir au total «joliment joué », c’est-à-dire non sans grandeur et même non sans grâce), c’est ici un homme d’humeur aigre, né prince, et qui se complaît à répéter à tous - et à chaque page de son livre - qu’il a été vaincu et humilié. Non pas qu’il ait, en son temps, trop hésité à prendre des risques ; bien au contraire. Il aima toujours porter des coups, et il en reçut largement son compte. Mais c’est un mélancolique, et Retz a malicieusement décelé ce qui les sépare en matière de complots : si le duc a bien assez de courage pour se compromettre ouvertement et lourdement dans un des deux camps en présence, il a trop de méfiance en l’homme pour croire que ce camp détienne la vérité (« Il n’a jamais été bon homme de parti, quoique, toute sa vie, il y ait été engagé »).. Reste l’écrivain ; et sur ce chapitre, sans égaler Retz, le mémorialiste La Rochefoucauld sait faire à ses côtés fort bonne figure. Qu’il se révèle un analyste aigu, cela n’a rien qui nous surprenne ; mais il est encore un bien savoureux portraitiste. Sur Louis XIII : Il voulait être gouverné et portait impatiemment de l’être. Ou bien (sur le même) : Il avait un esprit de détail appliqué uniquement à des petites choses et ce qu’il savait de la guerre convenait plus à un officier qu’à un roi. Sur le plan plus proprement documentaire, le récit de certaines péripéties de la Fronde ne manque pas de piquant ; ainsi, cette ruse de guerre dont toutes les clandestinités du monde ont fait usage, et qu’on ne savait pas si ancienne : Ils prirent le chemin de Châtillon. Marcillac marchait cent pas devant Monsieur le Prince [c’est-à-dire Condé], et le duc de La Rochefoucauld allait derrière lui à même distance, afin qu’étant averti par l’un des deux il pût avoir quelque avantage pour se sauver. Quant au moraliste, on ne saurait le mettre trop haut sur le plan de l’art. Les Maximes vont magistralement au but qu’elles visent, elles y vont à la vitesse de la flèche ; et ce but est le même pour chacune de ces flèches, puisque toutes se proposent de venir à l’appui du trait initial (voir plus loin). Le recueil des Maximes est donc, à première vue, la définition même du classicisme : unité, universalité, densité. Soulignons pourtant que l’estimation qu’on en peut faire, sur le plan philosophique, a toujours été liée à la conception du monde des différentes familles spirituelles de lecteurs, laquelle en général est liée elle-même au « ton régnant » des différentes époques ; or, le fond des Maximes étant de couleur très sombre, il a été trouvé bon, juste et fidèle durant tout le règne du romantisme ; et - curieusement - on le trouve de nouveau tel, aujourd’hui. Tout à l’opposé, les époques ou les familles d’esprit plus portées à faire confiance à l’homme (citons pêle-mêle : « scientistes », « républicains », « libertins » du XVIIe siècle, époque des « Lumières » ; et même, en majeure partie : « classiques » de l’époque versaillaise) ont contesté La Rochefoucauld. Ils ont mis en cause, sinon telle ou telle maxime, du moins l’axiome initial selon quoi « nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés ». Ainsi que le durcissement que l’auteur apporte à ce principe en cours de route : Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer. Idée désespérée, née dans une âme abattue par toute une suite de déceptions et d’échecs. Notons de plus que, sur le plan social, ce moraliste représente une noblesse déchue, réduite par l’absolutisme du monarque à une inaction forcée, aussi blessante que débilitante ; et ici, le duc de La Rochefoucauld ne parle plus pour tous les hommes. Il n’est plus digne — en tant que philosophe, tout au moins - du nom de classique : unité et densité? oui, mais il y manque l’universalité. Par bonheur cet ambitieux malheureux et ce guerrier malade est aussi, en tant qu’homme de cour et homme du monde, un humoriste, c’est-à-dire un homme doué d’un vigilant mais fort aimable sens du relatif. Et si d’une édition à l’autre (de 1665 à 1678) son débit devient plus bref, plus saccadé et son humeur encore plus noire, il sait se racheter en nous offrant de place en place une rosserie, dirigée cette fois contre lui-même (Les incessantes lamentations donnent plus de mépris pour la faiblesse que de compassion pour les malheurs), ou une franche boutade (comme ceci, qui semble de Swift : Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui) ; en outre il feint de désamorcer les plus cruels de ses jugements sur notre piètre humanité par des appositions pleines d’indulgence («presque toujours», «d’ordinaire», «le plus souvent», «chez la plupart des gens », etc.), qui laissent à ses lecteurs une chance encore de garder d’eux-mêmes bonne opinion.
LA ROCHEFOUCAULD (François VI, duc de), moraliste français (Paris 1613 - id. 1680). Il porte, jusqu'à la mort de son père, François V (1650), le titre de « prince de Marcillac ». Représentant à peu près parfait de l'aristocratie du XVIIe s., sa vie fut partagée entre l'intrigue à l'époque de la Fronde et la fréquentation des salons littéraires. Bien qu'il ait écrit un premier ouvrage en 1662 (Mémoires contenant les brigues pour le gouvernement à la mort de Louis XIII), il tient sa célébrité des Réflexions ou Sentences et Maximes morales de 1664, rééditées en 1666, 1671, 1675 et 1678, où s'expriment sa misanthropie et sa propre expérience de l'ingratitude humaine. L'auteur s'efforce de retrouver derrière toutes les actions humaines des mobiles d'intérêt personnels. L'influence de Mme de La Fayette, succédant à celle de Mme de Sablé, l'amena à atténuer ce que certaines de ses maximes avaient de trop absolu. Penseur janséniste, La Rochefoucauld est aussi un artiste de la langue : la concision des Maximes reste un des secrets de son art.
LA ROCHEFOUCAULD François VI, duc de. Moraliste français. Né le 15 décembre 1613, à Paris (rue des Petits-Champs); mort à Paris dans la nuit du 16 au 17 mars 1680. Descendant d’une des plus anciennes familles de l’Angoumois, fils d’un duc et pair de France, et de Gabrielle du Plessis de Liancourt, aîné de douze enfants, le prince de Marcillac — il portera ce titre jusqu à la mort de son père (1650) — était destiné à la carrière des armes. Il fut élevé à la campagne et reçut l’éducation d’un fils de grand seigneur, il apprit cependant un peu de latin. Il n’a pas encore quinze ans qu’on lui fait épouser Andrée de Vivonne, fille d’un grand fauconnier de France qui après lui avoir donné huit enfants, mourra avant lui en 1670. Il semble qu’il ait eu pour sa femme tout le respect et toute la confiance convenables, mais rien de plus. Il n’a que seize ans (1629) lorsqu’il est nommé maître de camp du régiment d’Auvergne. L’année suivante, il prend part à la campagne d’Italie, puis il se rend à la cour. Enthousiaste, agité, imprudent, le jeune prince de Marcillac a vite fait d’être mêlé aux intrigues qu’entretiennent les grands contre Richelieu. Le complot monté par Mme de Chevreuse est découvert en 1631 et Marcillac, après avoir passé huit jours à la Bastille, est envoyé en exil dans sa terre de Verteuil où il restera deux ans. Il reprend ensuite la carrière des armes, se bat en Flandres, attire sur lui l’attention de Richelieu qui lui propose en 1639 « de le faire servir de maréchal de camp » ; Marcillac refuse. Bien qu’il soit au mieux avec tous les conspirateurs, il n’entre plus dans leurs machinations. Mais Richelieu meurt, suivi par Louis XIII. La place semble libre à l’ambitieux, il pense faire figure dans le parti d’Anne d’Autriche. Cependant, la reine identifie sa politique avec celle de Mazarin. Marcillac se sent joué. Mazarin lui promet monts et merveilles — en fait, il lui permettra tout juste d’acheter, et fort cher, la charge de gouverneur de Poitou (1646) — et use ses énergies. Très lié avec les grandes intrigantes du temps, Mme de Chevreuse et la duchesse de Longueville, sœur de Condé, Marcillac n’aboutit à aucun résultat tangible dans l’opposition où il s’est finalement jeté « par indécision, par précipitation de sortir des affaires presque aussi vite qu’il y entrait », dira Retz. C’est encore comme soldat que son rôle est le plus brillant. Volontaire au siège de Mardick, en 1646, il y est blessé de trois coups de mousquet. En 1648, la situation empire. On lui refuse de porter le titre de duc avant la mort de son père; de dépit Marcillac se jette dans la Fronde des princes. Il devient lieutenant général de l’armée rebelle, est grièvement blessé. Survient l’amnistie de 1649 et, en janvier 1650, l’arrestation des princes. Marcillac se retire en Poitou, déjà gagné à la nouvelle Fronde. En février 1650, à l’occasion des obsèques de son père, le nouveau duc de La Rochefoucauld tente de soulever la noblesse de l’Angoumois contre le roi et, avec Condé, s’allie aux Espagnols. Par ordre de Mazarin, son château de Verteuil est rasé. La Rochefoucauld se bat avec Condé en Guyenne, participe à la bataille de Bléneau, puis au combat de la porte Saint-Antoine à Paris (1652). C’est là qu’il reçoit en plein visage la décharge d’un mousquet qui le rendra presque aveugle. Cependant il refuse l’amnistie, part en exil dans ses terres et ne se ralliera que l’année suivante en prêtant serment au roi. Désormais, sa vie de conspirateur et de soldat est finie — il n’a que quarante ans. La Rochefoucauld sera, et seulement, un bel esprit. Le monde qu’il fréquente fort assidûment est celui de la cour — il est à peu près rentré en grâce, a obtenu de Louis XIV une pension (1659) et a reçu l’ordre du Saint-Esprit (1662) — mais plus encore celui des salons qui donnent le ton, celui de Mlle de Scudéry, celui de Mlle de Montpensier et surtout celui de Mme de Sablé. Désabusé, caustique, laconique, La Rochefoucauld tient sa place — elle est de tout premier plan — dans ces amusements de l’esprit qui étaient alors si fort en faveur. Il participe au jeu des portraits et le sien propre qu’il fit pour le salon de Mlle de Montpensier (1659) est un des plus réussis du genre. Pendant son exil volontaire, aussitôt après les combats de la Fronde, La Rochefoucauld avait mis en ordre ses souvenirs récents. Ils furent publiés en 1662 dans un ouvrage collectif, sous le titre de Mémoires de M.D.L.R. contenant — dans tous leurs détails — les brigues pour le gouvernement à la mort de Louis XIII - Mémoires . Mais, en 1664, la parution des Réflexions, ou sentences et maximes morales , à l’insu de leur auteur, fit scandale. Mme de La Fayette, elle-même, plus tard grande amie de l’auteur, fut effrayée : elle écrivit à la marquise de Sablé : « Ah ! quelle corruption il faut avoir dans l’esprit et dans le cœur pour être capable d’imaginer tout cela ! J’en suis si épouvantée que, si les plaisanteries étaient des choses sérieuses, de telles maximes gâteraient plus les affaires que tous les potages qu’il mangea l’autre jour chez nous. » Cependant, ces Maximes, certaines d’entre elles tout au moins, étaient déjà connues dans les salons où leur composition constituait une des distractions favorites de la société qui s’y rencontrait. Plus tard et justement sous l’influence de Mme de La Fayette, La Rochefoucauld en atténuera le ton et, probablement pour se disculper des accusations lancées contre lui, laissera paraître dans les éditions suivantes un texte qui est peut-être de lui et qui apporte une importante restriction, au moins apparente : « L’auteur expose au jour toutes les misères de l’homme, mais c’est de l’homme abandonné à sa conduite qu’il parle et non pas du chrétien. » Cependant, dès les années 70, la santé du duc de La Rochefoucauld, sérieusement ébranlée depuis longtemps par les blessures qu’il avait reçues autrefois, se détériorait. Il souffrait de la goutte et fort cruellement. Ses amis ne le quittaient pas et se retrouvaient à son chevet. Des deuils familiaux — il perdit coup sur coup sa femme, sa mère, l’un de ses fils — lui portèrent des coups successifs. Et c’est en croyant sincère et en homme qui « ne craignait guère de choses, mais aucunement la mort », comme il l’a écrit lui-même, qu’il l’affronta. La Rochefoucauld expira muni des derniers sacrements entre les bras de Bossuet, en présence de Mme de La Fayette, qui pendant quinze ans avait été son amie la plus chère. ♦ « Il n’a jamais été capable d’aucune affaire, et je ne sais pourquoi, car il avait des qualités qui eussent suppléé en tout autre celles qu’il n’avait pas... » Retz. ♦ « Faites, je vous prie, mes compliments à M. de La Rochefoucauld, et dites-lui que le livre de Job et le livre des Maximes sont mes seules lectures. » Mme de Maintenon, lettre à Mlle de Lenclos, 1666. ♦ « Un des ouvrages qui contribuèrent le plus à former le goût de la nation et à lui donner un esprit de justesse et de précision fut le petit recueil des Maximes de François, duc de La Rochefoucauld. » Voltaire. ♦ « Les Maximes de La Rochefoucauld ne contredisent en rien le christianisme, elles s’en passent. » Sainte-Beuve. ♦ « [Pascal] attriste, révolte, mais il ne décourage pas... Il a le remède sous la main et il va l’offrir. La Rochefoucauld a moins de colère et plus de rancune; il accuse, il bafoue, il met à nu, avec une cruelle insistance, nos communes misères, et il n’est pas ému. » Hémon. « Un moraliste, La Rochefoucauld ? Nullement. C’est un romancier, le premier en date de nos romanciers. Tout lui vient de l’imagination, de la brusque perception qu’il a d’un sentiment humain par la capture d’un regard ou d’un mot. » J. de Lacretelle.
LA ROCHEFOUCAULD (FRANÇOIS, DUC DE) Ecrivain français né et mort à Paris (1613-1680). Maître de camp à 16 ans dans le régiment d’Auvergne, il se destinait à la carrière des armes. Mêlé, avec la duchesse de Chevreuse, à un complot contre Richelieu, il fut arrêté, emprisonné à la Bastille, puis exilé sur ses terres jusqu’en 1648. Il participa alors aux troubles de la Fronde, opposé à Mazarin cette fois. Blessé aux côtés de Condé (1652), il abandonna finalement ses entreprises et se soumit au roi. Il se mit alors à fréquenter l’hôtel de Mme de Sablé. C’est à cette époque (1662) qu’il entreprit la rédaction de ses Maximes, publiées en 1665. Avec une rare pénétration, il s’y exerce à dépouiller la nature humaine de tous ses faux-semblants et met à nu l’égoïsme, seul mobile à ses yeux des actes humains. Les vertus, enseigne-t-il, ont leur source dans l’intérêt et se distinguent à peine des vices dont elles ne sont que le déguisement.
Famille noble française originaire de l'Angoumois, mentionnée pour la première fois en 1019, et illustrée notamment par : François VI, prince de Marcillac, puis (à partir de 1650) duc de La Rochefoucauld (* Paris, 15.XI. 1613, † Paris, 17.III.1680). Moraliste français. En 1646, il combattit en Flandre et fut blessé au siège de Mardyck ; puis, voyant que Mazarin ne voulait pas satisfaire ses ambitions, il se rangea dans le parti des ennemis de la cour, où l'entraînait sa liaison avec la duchesse de Longueville, sœur du Grand Condé. Il participa activement à la première et à la seconde Fronde, tenta en 1649 de soulever l'Ouest, puis Bordeaux, il se distingua par sa bravoure au combat de la porte Saint-Antoine à Paris (2 juill. 1652). Retiré alors dans ses terres, il fit sa soumission et renonça à sa vie aventureuse. Après ses Mémoires sur les brigues à la mort de Louis XIII, les guerres de Paris et de Guyenne et la prison des princes (1662), il fit paraître en 1665 la première édition de ses Réflexions ou Sentences et Maximes morales. François Alexandre Frédéric, duc de La Roche-foucauld-Liancourt (* La Roche-Guyon, 11.I. 1747, † Paris, 27.III.1827). Grand maître de la garde-robe sous Louis XV et Louis XVI. Dès 1780, il fit de sa terre de Liancourt une ferme modèle. Député de la noblesse aux états généraux de 1789, il contribua au rappel de Necker après la prise de la Bastille, défendit le roi après sa fuite à Varennes et fut un membre actif du club des Feuillants. Après le 10 août 1792, il émigra en Angleterre, puis aux États-Unis, mais rentra en France sous le Consulat. Membre de la Chambre des pairs sous la Restauration, il combattit pour l'abolition de l'esclavage et l'amélioration du régime des prisons, mais ses idées libérales le firent disgrâcier par Charles X.
LA ROCHEFOUCAULD, François, duc de (Paris, 1613-id., 1680). Écrivain et moraliste français. Après avoir participé à la Fronde, il se rallia au roi et mena une vie mondaine sous la monarchie triomphante de Louis XIV. Destiné à la carrière des armes par son éducation, il combattit d'abord en Italie (1629), puis, emprisonné (1637) pour avoir conspiré contre Richelieu, s'exila sur ses terres de Poitou. Rentré en grâce après la mort de Richelieu, il participa à la Fronde des princes, hostile à Mazarin, entraîné par sa liaison avec la duchesse de Longueville et fut grièvement blessé (1652). Abandonnant alors ses aventures guerrières, il fit sa soumission et commença une carrière de mondain à la Cour et dans les salons de la marquise de Sablé et de Mme de La Fayette. Il fit paraître en 1664 la première édition de ses Réflexions ou Sentences et Maximes morales qui firent scandale par l'image pessimiste de l'homme qu'elles révélaient.