La révolution psychanalytique
Médecin à l'origine et non philosophe, le fondateur de la psychanalyse a toujours voulu séparer ses théories de la philosophie, en les présentant soit comme des hypothèses scientifiques légitimes, soit comme un outil clinique efficace pour soigner les névroses. Il n'en demeure pas moins que les travaux de Freud ont eu une importance philosophique capitale en ce qu'ils proposent une théorie anti-cartésienne du sujet. La psychanalyse construit la théorie d'un sujet décentré par rapport à lui-même. Dans l' "Introduction à la psychanalyse" (1916), Freud décrit les trois « blessures narcissiques» infligées à l'humanité par la science au cours de son histoire. Copernic nous a appris que la Terre n'est pas le centre de l'univers, Darwin que l'homme n'est pas le centre de la création, et la psychanalyse que le sujet n'est pas le centre de lui-même, qu'il n'est même pas « maître en sa propre maison ». «Je est un autre ». prophétisait Rimbaud. Nous serions donc comme à distance de nous-mêmes et ce que nous sommes nous échapperait toujours. L'inconscient dit fortement le psychanalyste français Jacques Lacan, c'est le « discours de l'Autre », en écrivant « Autre » avec un A majuscule pour bien signifier cet écart irréductible entre moi et moi, et l'illusion radicale que constitue le projet d'une connaissance de soi.