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La religion (synthèse)

Ce sujet est d’actualité ! N’oubliez jamais que la religion, ce n’est pas « croire en Dieu » puisqu’il y a des religions sans Dieu. Et prenez toujours grand soin de ne pas confondre religion et fanatisme, superstition et fondamentalisme. L’étymologie est ici particulièrement instructive. Le mot « religio » serait dérivé de « religare » qui signifie « relier » et peut-être aussi de « relegere » qui veut dire à la fois « respecter » et « recueillir ». Or la religion, c’est à la fois ce qui relie les hommes à une puissance qui les dépasse, tout en les reliant entre eux. Mais c’est aussi un retour méditatif sur soi-même (« recueillement ») propice au respect, non seulement d’un Dieu, mais aussi éventuellement, de l’Humanité. Il est important de noter qu’il existe des religions sans Dieu (culte des ancêtres, bouddhisme, animisme).

La religion ou les religions ?

Non seulement il y a de nombreuses formes de religiosité, mais encore il existe des approches multiples du « fait religieux ». D’un point de vue sociologique, on nomme « religion » l’ensemble des croyances et des pratiques relatives à un domaine sacré séparé du profane, liant en une même communauté morale tous ceux qui y adhèrent, et manifestant sous des formes très diversifiées les rapports des hommes à Dieu, au divin ou au sacré. Quant à la philosophie, elle distingue la « religion intérieure », rapport individuel et direct de l’âme humaine avec Dieu ou avec le divin, axé donc sur la foi, et la « religion extérieure » c’est-à-dire l’ensemble des institutions ayant pour fonction de régler les rapports des croyants avec Dieu ou la sacré par des rites, des cérémonies et une liturgie spécifique, et variables selon les époques et les civilisations. Le Dieu de la religion naturelle (Hume, Rousseau) ne nécessite ni Eglise ni culte particulier et ne constitue qu’une référence et un guide pour l’exigence morale.

Les trois critiques

La religion a été attaquée dès l’antiquité par les matérialistes, comme Epicure et Lucrèce, qui ont vu d’emblée à quel point les « fables divines » pourraient être exploitées pour terroriser les hommes. Mais ce sont Marx, Nietzsche et Freud qui, dans les temps modernes, ont été les adversaires les plus virulents de la religion. Pour Marx, elle est l’ « opium du peuple » qui permet d’oublier la misère réelle en faisant miroiter un improbable paradis pour les justes. Pour Freud, elle est une illusion qui infantilise les croyants en prétendant qu’un Père bienveillant veille sur chacun d’entre nous. Pour Nietzsche, « Dieu est mort », et c’est nous qui l’avons tué. Cela signifie que la philosophie a compris que la religion finira par s’effacer mais cette nouvelle « n’est pas encore parvenue à l’oreille des hommes » (Gai savoir § 125)

La religion n’est pas la superstition

Une des meilleures défenses de la religion a été formulée par de nombreux philosophes. Elle consiste à la dissocier la superstition de la religion authentique. La superstition - du latin superstitio « superstition » de superstare, « se tenir dessus », qui désigne ceux qui prient pour que leurs enfants leur survivent – est une attitude irrationnelle consistant à croire que certains actes ou certains signes entraînent sans raison intelligible des conséquences bonnes ou mauvaises. Mais, selon Saint Augustin ou Pascal, la vraie foi (du latin fides, confiance, fidélité, engagement) n’est pas contraire à la raison qu’elle dépasse sans la contredire. La « vraie religion « peut inclure le doute et exclure le fanatisme. Pour Sénèque, « la religion honore les Dieux, la superstition les outrage ». Pour Kant , la superstition est l’ illusion en vertu de laquelle il serait possible par les opérations du culte de « préparer sa justification devant Dieu ». De façon générale les philosophes croyants condamnent et rejettent la superstition dans laquelle ils dénoncent une perversion et la caricature de la religion.

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