La rédaction du commentaire composé en littérature
L'ORGANISATION DU TEMPS
À part quelques questions techniques qui seront évoquées plus loin, il n'existe pas de problèmes de rédaction spécifiques du commentaire. Vous savez, en particulier, que le commentaire doit être entièrement rédigé, qu'il est inutile de donner des titres aux parties, qu'il est bon de laisser un espace entre les parties et de marquer le début des paragraphes par un alinéa et que vous ne devez pas céder à la tentation du style télégraphique. Les problèmes de rédaction existent, mais ce sont des problèmes d'ordre général, les mêmes que ceux qui se posent pour les autres exercices, c'est-à-dire essentiellement ceux qui concernent l'orthographe et la correction de la langue. Nous vous renvoyons sur ces points à ce que nous disons dans le chapitre suivant sur la nécessité d'un travail de fond pour acquérir une meilleure maîtrise de la langue. Nous nous contenterons ici de vous conseiller d'éviter les phrases trop longues, trop « emberlificotées ». Sans ramener le devoir à une succession de propositions indépendantes, il est souvent bon d'opter pour une phrase simple et efficace. Il est aussi nécessaire de relire soigneusement le devoir, à plusieurs reprises si possible, pour éviter les erreurs dues à la fièvre de l'examen. Cette nécessité d'un regard calme et attentif sur ce qu'on vient d'écrire pose évidemment le problème de l'organisation du temps.
Vous ne disposez que de quatre heures, déjà entamées par la lecture des trois sujets. Si l'on tient compte du temps nécessaire à la relecture de votre devoir, vous avez un peu plus de trois heures et demie pour lire le texte, le soumettre au questionnement, procéder à son examen détaillé, établir les grandes lignes de votre commentaire si vous vous présentez dans une série générale, et rédiger l'ensemble du devoir. . On peut tout de suite tirer une conséquence de cette observation. Il est pratiquement impossible de tout rédiger au brouillon. Et c'est pourquoi nous insistons sur la nécessité de procéder à des repérages précis et à des tentatives de classement. . D'un point de vue pratique, disons que vous allez tenter de diviser votre temps au prorata des points rapportés respectivement par les deux parties du sujet. Donc, il vous reste, environ, une heure et demie pour les questions d'observation et deux heures pour les questions d'analyse ou la rédaction du commentaire composé. Une seconde conséquence s'impose. Il faut s'entraîner très tôt à travailler dans les conditions de l'examen. Quand vous travaillerez à la maison, le plus souvent, vous prendrez le temps de vous documenter, d'établir un plan, de rédiger un devoir plus consistant que celui que vous pourriez produire en quatre heures. Essayez donc à la fois d'approfondir vos connaissances et de vous entraîner à respecter le temps imparti. Il vaut mieux ne pas se trouver contraint de rendre un brouillon faute de temps ?
QUELQUES PROBLÈMES TECHNIQUES
1. L'aspect «visuel» du devoir
Le correcteur n'est pas mal disposé à votre égard, mais il a devant lui un gros paquet de copies à corriger dans un temps très court. Il faut donc faciliter son travail pour s'attirer sa bienveillance. Pensez à ponctuer avec soin, n'oubliez pas les accents, formez bien vos majuscules. Votre négligence dans ces domaines demande au correcteur un effort supplémentaire. Dans le souci de faciliter le travail du correcteur, vous devez aussi soigner la présentation d'ensemble du devoir. La lecture ligne à ligne d'un texte est toujours précédée d'une « lecture visuelle » de caractère global. Le texte est envisagé dans ses grandes masses et ses sous-ensembles d'un premier coup d'œil, avant même d'être véritablement lu.
2. Les citations et les titres
- Quand vous citez des vers, toujours dans le souci de soigner la présentation visuelle, allez à la ligne. Évitez absolument la solution qui consiste à citer plusieurs vers, dans le cours de la rédaction, en indiquant simplement la séparation par une barre oblique (« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle / Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis »). Si vous citez ces deux vers, ils doivent apparaître tels qu'ils se présentent dans l'œuvre originale, et légèrement distingués de votre développement : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis. » Nous éprouvons souvent une certaine peine à lire les copies parce que votre propre texte se distingue mal des éléments du texte que vous citez. Pour éviter cet inconvénient, il faut préférer les guillemets de type français qui indiquent bien le début et la fin de l'élément cité (« ») aux guillemets à l'anglaise (" "). - Les titres d’œuvres doivent être soulignés et sans guillemets. Par « titres d'œuvres », nous entendons les titres de recueils, de romans, de pièces de théâtre, de livres en général, et les titres de films ou de grandes œuvres musicales. Les titres de poèmes, de chansons, de fables seront mis entre guillemets mais non soulignés. Dans un livre imprimé, le soulignement est remplacé par des caractères italiques, ce qui explique qu'aucun soulignement n'apparaisse dans nos corrigés. Ces conventions sur le soulignement et l'emploi des guillemets ne sont pas arbitraires. Le fait de souligner les titres permet de distinguer les cas où l'on parle de Tartuffe pour désigner la pièce de théâtre et de Tartuffe pour désigner le personnage principal de cette pièce. De même, la nécessité de souligner un titre d'œuvre et de mettre entre guillemets un titre de poème permet d'éviter les ambiguïtés quand un même titre a été utilisé pour désigner l'un des poèmes du recueil et le recueil tout entier.
3. Recherche d'une certaine variété
Vos commentaires sont parfois monotones du fait du retour constant de mêmes termes ou de formules identiques pour introduire les observations sur le style. Au lieu de dire uniquement « ce texte » d'un bout du devoir à l'autre, vous pouvez, par exemple, dire : « cette page », « le passage étudié », « ces quelques lignes », « ce poème de Valéry », « ce sonnet », « ces quatrains », « ces deux strophes », « cette description », etc. Pour introduire l'analyse des procédés de style, ayez recours le moins possible au procédé qui consiste simplement à mettre l'élément cité à l'intérieur d'une parenthèse, ou encore, ce qui est pire, à écrire simplement, par exemple : « ligne 4 » pour confirmer ce que vous dites. Il faut intégrer les références dans la rédaction, comme nous le faisons dans nos corrigés, et si l'on cède à la solution de facilité du recours aux parenthèses, il ne faut pas en abuser car cela devient rapidement fastidieux. On peut renvoyer « au second vers », « au troisième vers de la seconde strophe », « au dernier vers », mais il n'est pas conseillé de renvoyer « à la ligne 4 » ou « à la quatrième ligne » d'un texte en prose.. Il serait préférable de parler de « la seconde phrase de cette description », « le début du second paragraphe », « le troisième alinéa » ou de citer tout simplement le fragment concerné. Quand vous rédigez un commentaire, vous désirez, comme l'écrivain, produire un effet sur le lecteur. Cet acte est, dans votre cas, très directement intéressé, puisque vous souhaitez agir sur lui de telle sorte qu'il se décide à vous attribuer une bonne note. Pour ce faire, dans l'ordonnancement de votre devoir comme dans l'agencement d'un texte littéraire, tout compte : l'aspect visuel de votre copie, la correction et, si possible, l'élégance de votre phrase, la rigueur de vos enchaînements et la façon dont vous aurez su concilier, dans les quelques pages de votre commentaire, le respect scrupuleux du texte et une certaine implication personnelle.