La recherche du bonheur vous parait-elle constituer un fondement valable de la vie morale ?
THÈMES DE RÉFLEXION
• La morale antique : l’eudémonisme (morale du bonheur?). Prendre garde à ce que signifie exactement eudémonisme : eudaimôn signifie bien heureux, mais dans un sens extrêmement fort et bien particulier : eu est un préfixe grec qui marque le caractère faste, propice (littéralement : la bonne destinée). Le daimôn c’est le « démon » au sens de Socrate c’est-à-dire une entité intermédiaire (en quelque sorte) entre l’ « 'ange gardien » et le destin favorable. C’est dire que le bonheur, en un pareil sens, désigne une vie qui égale l’homme à une sorte de demi-Dieu. • Ne pas confondre « eudémonisme » et « hédonisme ». (Hédonisme vient du mot grec hédoné qui signifie plaisir). • Méditer cette citation de Kant extraite des Fondements de la Métaphysique des mœurs (Delagrave, pages 131-132). « Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept de bonheur sont dans leur ensemble empiriques, c’est-à-dire qu’ils doivent être 'empruntés à l’expérience; et que cependant pour l’idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire (...). Bref il (l’homme, être fini) est incapable de déterminer avec une entière certitude et d’après quel principe ce qui le rendrait heureux : pour cela il lui faudrait l’omniscience (...). Le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d’un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble; il n’y a donc pas à cet égard d’impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal non de la raison mais de l’imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainement qu’ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d’une série de conséquences en réalité infinie... ». (Les mots mis en « relief » le sont par nous). • Remarquer que ce qui est en cause c’est de savoir si la recherche du bonheur peut constituer un fondement valable de la vie morale.
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