La philosophie a-t-elle un objet propre?
THÈMES DE RÉFLEXION
• Philosophie(s) et science(s). . Pendant longtemps ces rapports n’ont pas fait problème en ce sens qu’il y avait assimilation de la philosophie au travail d’un savoir universel. Cf. Descartes, Principes, Préface : « Toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la Métaphysique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences ». Le savoir scientifique faisait partie de la philosophie. • Mais sous la pression des questions issues de la « dissidence » des sciences, la philosophie a été contrainte à remettre son contenu en jeu. • Son objet serait-il alors les « terrains » que les disciplines scientifiques n’ont pas encore occupés de façon assurée? (On s’expliquerait ainsi (?) que, ne pouvant plus rivaliser avec les scientifiques dans l’investigation de « la Nature », bon nombre de philosophes se « mobilisent » pour mettre en cause la « scientificité » des « sciences humaines » afin de se réserver un domaine « L’Homme »). • Son objet serait-ce la réflexion sur les sciences? Encore conviendrait-il sans doute de ne pas confondre à ce sujet épistémologie et philosophie des sciences. En effet, dans le cadre où l’objet de la philosophie serait — d’une certaine façon — le même que celui des sciences (comment connaître objectivement le monde?) on peut faire valoir que la démarche philosophique peut prendre la forme d’une réflexion sur les méthodes de la pensée ou sur la valeur des résultats obtenus par la mise au travail des méthodes précédentes. Mais la réflexion sur les méthodes d’une science (l’épistémologie d’une science) ne relèverait-elle pas actuellement de telle ou telle compétence scientifique particulière? Ne serait-ce pas l’homme de science et non le philosophe qui peut critiquer, corriger, perfectionner les méthodes propres à sa science (en fonction des problèmes spécifiques qui se posent)? . • Les philosophes n’auraient-ils pas un rôle à jouer dans la philosophie des sciences, et plus précisément dans l’histoire des sciences (une histoire entendue comme une histoire des différentes pratiques (et de leurs articulations) qui concourent à la production de connaissances scientifiques)? Il n’est pas inintéressant à ce sujet de constater que si les philosophes peuvent être « naïfs », en science, les scientifiques peuvent être « naïfs » en philosophie... et faire de la philosophie sans le savoir et (ou) de façon irréfléchie et ignorante. • La Philosophie comme réflexion (et non nécessairement comme connaissance à proprement parler) sur les « valeurs », les fins. • La Philosophie comme autre « mode de penser » que le (ou les?) mode(s) de penser scientifique(s). • La Philosophie comme questionnement réfléchi (et infini ?) à propos de problèmes qui se posent (ou semblent se poser) de façon «inéluctable»?
INDICATIONS DE LECTURE
• La Philosophie en question de Fougeyrollas (Denoël). • La Pensée et le mouvant de Bergson, notamment « L’intuition philosophique ». • Sagesse et illusions de la philosophie de Piaget. • Lénine et la philosophie d’Althusser (Maspéro). • Pour une Critique de l’épistémologie de D. Lecourt (Maspéro). • La Philosophie spontanée des savants d’Althusser (Maspéro). • L’Évolution de la théorie déductive de Ortega y Gasset (Gallimard), notamment le chapitre IV : « Trois situations de la philosophie par rapport à la science ». Citations p. 29 : « La philosophie, au moment où elle reconquiert sa position d’indépendance par rapport aux sciences, a besoin de ressentir qu’elle se distingue d’elles, non seulement par son mode de pensée...; non seulement par son thème, c’est-à-dire le contenu particulier de ses problèmes; mais encore par quelque chose d’antérieur à tout cela : par le caractère de son problème en tant que tel. Du point de vue formel, la science consiste en l’étude de problèmes qui sont en principe solubles Ils n’ont donc un caractère que relativement problématique, peu tragique; commencer à les résoudre, c’est déjà les avoir à moitié résolus... Mais le problème auquel a affaire la recherche philosophique est problématique de façon illimitée; il est absolument problème. Rien n’assure qu’il ait une solution. En science, si par hasard un problème s’avère insoluble, on l’abandonne. La science existe dans la mesure où elle trouve des solutions; ces dernières sont indispensables. Les sciences sont telles parce qu’elles atteignent des solutions valables. Mais la philosophie ne ressemble pas à ce genre d’occupations. Elle n’existe ni ne se justifie par le caractère valable de ses solutions mais par l’aspect inexorable de ses problèmes. L’homme se pose les problèmes scientifiques lorsqu’il le veut bien. Les problèmes philosophiques se posent d’eux-mêmes et par eux-mêmes, ils se posent à l’homme, que celui-ci le veuille ou non. »
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