LA PENSÉE DANS LE JUGEMENT
— A — L'intellectualisme.
Selon Spinoza, l'esprit qui conçoit ne se distingue pas de l'esprit qui juge, c'est-à-dire que l'entendement ne se distingue pas de la volonté. On ne peut former une idée sans poser sa vérité ; les idées s'affirment d'elles-mêmes, avec plus ou moins de force il est vrai, selon leur plus ou moins grande clarté. Le doute n'est jamais volontaire, il est incertitude et l'incertitude tient seulement à la présence en nous d'idées contradictoires qui ne peuvent être que des connaissances du premier genre, par ouï-dire ou par expérience vague. L'erreur n'est pas un jugement positivement faux mais seulement une idée inadéquate, c'est-à-dire insuffisante.
— B — Le volontarisme.
Pour Descartes au contraire, l'erreur est positive ; elle consiste à affirmer la réalité objective d'idées que nous ne connaissons pas avec assez de clarté et de distinction. Ce qui la rend possible c'est la disproportion qui existe entre l'entendement, faculté de concevoir, limitée et passive, et la volonté, faculté active et infinie d'affirmer. Le jugement est l'oeuvre en effet de la volonté. Nous sommes donc responsables de nos erreurs mais il dépend de nous de les éviter en suspendant notre jugement tant qu'un doute est possible, c'est-à-dire tant qu'on ne parvient pas à des idées parfaitement claires et distinctes.
— C — Le jugement vrai.
Certes, il est impossible de ne pas affirmer ce qui paraît évident et en ce sens Spinoza a raison. Mais la difficulté est de distinguer les jugements où la volonté est déterminée par l'imagination, de ceux où elle l'est par l'entendement : « Ce que le désir engendre est toujours ce qu'il y a de plus clair » remarque Valéry, et l'erreur consiste toujours à juger selon des affections corporelles (appétits, coutumes). La maîtrise de soi est donc la condition du jugement vrai et le rôle de la volonté dans le jugement consiste essentiellement à repousser les idées que propose l'imagination pour penser selon l'entendement. D'où la nécessité d'une éducation du jugement par laquelle on s'exerce à juger d'abord les choses 'qui nous touchent le moins.
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