La Peau de chagrin d' Honoré de BALZAC, 1831, Le Livre de poche

• Sur une donnée qui pouvait conduire seulement à un conte fantastique, Balzac a bâti un roman philosophique, qu'une des préfaces rapproche de Candide et qu'il a placé plus tard dans la section Études philosophiques de La Comédie humaine. • Le titre désigne un talisman qu'un vénérable antiquaire propose à un jeune viveur parisien, Raphaël de Valentin, un jour où, venant de perdre au jeu sa dernière pièce d'or, il a failli se suicider. Cette peau donne à son possesseur le pouvoir de réaliser tous ses désirs, mais décroît à mesure, comme sa promesse de vie. Raphaël, qui l'emporte sans y croire, en éprouve vite la redoutable magie : les deux cent mille francs qu'il a souhaités lui arrivent d'un héritage inattendu, mais la peau a nettement rétréci. Alors il se retient de vivre et s'enferme au fond de son hôtel particulier, rongé par la peur de formuler le moindre vœu. Retrouvant une jeune fille qu'il a aimée autrefois, Pauline Gaudin, il renonce à l'épouser et la supplie de s'éloigner. Mais malgré ses précautions, quand la peau fatale, en dépit de ses tentatives pour l'étirer, se trouve réduite à la dimension d'une feuille de pervenche, Raphaël succombe à un dernier élan de désir et meurt dans les bras de Pauline. Raphaël est puni d'avoir préféré le vouloir et le pouvoir, représentés par la peau, au savoir qui avait été sa première ambition, dans sa jeunesse pauvre, quand il travaillait dans une mansarde à son Traité de la volonté C'est alors qu'il a connu Pauline Gaudin, la fille de sa logeuse, mais il s'en est détourné pour céder aux conseils d'arrivisme de Rastignac (cf. Le Père Goriot), courtiser une mondaine sans cœur, la comtesse Foedora, puis se perdre dans les plaisirs de Paris qui l'ont conduit si près du suicide. • Ce roman propose ainsi une figuration symbolique de l'effet destructeur des passions - idée chère à Balzac. En outre, la destinée de Raphaël est pour le futur auteur de La Comédie humaine l'occasion de donner sa première peinture des tentations qui dévorent la société parisienne et y pervertissent les cœurs.