La Machine infernale Jean COCTEAU, 1934, Le Livre de poche
Pièce en quatre actes sur la tragédie d'oedipe, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel (La voix, acte I). De cette histoire connue d'avance, qui symbolise le poids du destin, Cocteau conduit une mise en scène ingénieuse en usant avec humour de tous les tons, du bouffon au tragique. Le premier acte se déroule sur les remparts de Thèbes, la nuit. Deux soldats ont vu apparaître le fantôme du roi Laïus, la reine Jocaste et le devin Tirésias, qui est aveugle, viennent les interroger. La reine voudrait avoir un fils beau comme le jeune soldat qui lui parle : (...) il devinerait l'énigme, il tuerait le Sphinx. Le fantôme lance, sans être entendu de Jocaste, une mise en garde contre un jeune homme qui approche de Thèbes. Le deuxième acte montre la rencontre d'oedipe et du Sphinx. Le Sphinx a l'apparence d'une jeune fille qui se dit lassée de tuer et voudrait rendre heureux le prochain jeune homme qui gravira la colline. Mais il est surveillé par un personnage à tête de chacal, le dieu Anubis. oedipe cherche le Sphinx mais ne l'identifie pas sous son aimable aspect. Il conte son histoire : il a quitté Corinthe où règne son père Polybe pour déjouer l'oracle qui lui a dit : Tu assassineras ton père et tu épouseras ta mère-, il a tué un homme à un carrefour, mais par accident, et refuse d'y penser : D'abord mon étoile. Au moment où il s'éloigne, le Sphinx se révèle et lui livre l'énigme et le mot de l'énigme. oedipe va donc vaincre le Sphinx, qui tombe et reparaît sous les traits d'une jeune fille dépitée et furieuse. Anubis lui explique comment elle sera vengée par la destinée d'oedipe. Celui-ci, sûr de lui comme un demi-dieu, se dirige vers Thèbes pour épouser Jocaste et être roi. Au troisième acte, au soir de leur nuit de noces, le destin adresse divers signes aux époux, mais, trop ensommeillés, ils ne savent pas les lire. Quand Tirésias le prévient que les présages sont funestes, oedipe l'accuse de jalousie et le saisit à la gorge. Il voit alors son avenir dans ses yeux : Une vie heureuse, riche, prospère, deux fils... deux filles..., mais la suite l'aveugle. Sans doute, lui dit Tirésias, êtes-vous arrivé à un point que les dieux veulent garder obscur (...). Les cicatrices qui marquent les pieds d'oedipe troublent Jocaste. Elle raconte une histoire d'abandon d'enfant en l'attribuant à sa soeur de lait, une lingère. Le quatrième acte retrace la chute d'oedipe, dix-sept ans plus tard. Au moment où il reçoit avec joie la nouvelle de la mort du roi Polybe, il apprend aussi qu'il était seulement son fils adoptif et découvre que tous les pièges du destin, qu'il avait cru déjouer, se sont refermés sur lui. Jocaste se pend. oedipe se crève les yeux et part, guidé par sa fille Antigone. La pièce est un exercice de virtuosité qui sollicite la complicité du public et la conquiert par son humour et sa poésie.
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