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La Guerre de Jean-Marie G. LE CLÉZIO

La Guerre de Jean-Marie G. LE CLÉZIO, 1970, Gallimard.

• Le mot roman placé en sous-titre ne recouvre pas l'une de ces histoires caractéristiques du genre où se peignent des personnages et des destins, mais une suite d'évocations lyriques et hallucinées. De même, le titre La Guerre ne désigne pas le domaine des conflits militaires mais la violence de la civilisation industrielle qui déshumanise l’homme et semble ne pouvoir conduire qu’à une catastrophe que la menace nucléaire résume et symbolise.

• Le mal est dans le monde extérieur que l’homme façonne et auquel il a irréversiblement livré son destin. La peur a commencé le jour où cette fille a pu dire, peut-être pour rire, ou simplement parce que c 'était devenu vrai à cet instant : - Je ne suis rien. Alors, avaient suivi les déclarations de la liberté : -Je ne veux rien. Je n'aurai pas d’enfant. Je ne crois plus. Tu n’existes pas. Pour témoin, Le Clézio a choisi une jeune fille, Bea B., et l’a lancée en vagabonde dans le délire matériel et technique de la ville moderne. Sur les thèmes successifs ou associés de l’autoroute, du café, du supermarché, du dancing, de l’aéroport, de l'avion, des voitures, de l’électricité, etc., le livre propose des visions mêlées d’angoisse et d’exaltation, qui n’illustrent pas seulement le thème apocalyptique choisi par l’auteur mais sont l’occasion de découvrir la fascinante beauté de cette agitation déshumanisante.

• Du naufrage dont il se fait le prophète, Le Clézio sauve du moins la création artistique.

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