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La Curée d'Émile ZOLA

La Curée d'Émile ZOLA, 1871, Le Livre de poche.

• Ce roman, deuxième volume des Rougon-Macquart, est consacré à la fièvre de spéculation et de plaisirs qui, après le coup d’État du 2 décembre 1851, s’est emparée des profiteurs du nouveau régime.

• Arrivé de Plassans à Paris sans un sou en 1852, Aristide Rougon, qui a pris le nom de Saccard, a en quelques années édifié une fortune par la spéculation immobilière ; il reçoit fastueusement dans son hôtel particulier du parc Monceau, et sa femme Renée parade en calèche au bois de Boulogne. Sa chance initiale a été un modeste emploi à l’Hôtel de Ville. Son frère Eugène, avocat bonapartiste qui fait une brillante carrière politique, le lui a procuré avec cet avertissement : Gagne beaucoup d'argent, je te le permets; seulement pas de bêtise, pas de scandale trop bruyant, ou je te supprime. Comme agent voyer, il s’est initié aux manoeuvres spéculatives rendues possibles par les travaux d’urbanisme du préfet Haussmann. Sa sœur Sidonie lui a fourni les moyens de son essor. Cette veuve d’huissier aux mystérieuses activités d’entremetteuse a négocié pour lui, avant même que sa première femme eût achevé de mourir, un mariage inespéré avec l’héritière d'une famille de magistrats, Renée Béraud du Chatel, dont il fallait couvrir une faute. La dot promise l’a aisément persuadé de se laisser présenter au père comme le séducteur prêt à réparer ses torts. Pour user librement de la fortune de Renée, il continue de fermer les yeux sur ses caprices, même quand elle devient la maîtresse de Maxime, fils qu’il a eu de son premier mariage. Ces trois personnages sont pour Zola significatifs : J’ai voulu montrer l’épuisement prématuré d’une race qui a vécu trop vite et qui aboutit à l’homme-femme des sociétés pourries; la spéculation furieuse d’une époque s’incarnant dans un tempérament sans scrupules, enclin aux aventures; le détraquement nerveux d'une femme dont un milieu de luxe et de honte a décuplé les appétits natifs (Préface). À la lisière de cette nouvelle société d’entrepreneurs et de financiers véreux, de politiciens compromis, de mondains dépravés, n’oublions pas la prospérité du demi-monde des courtisanes : Aristide Saccard combine l’une de ses meilleures manoeuvres avec Laure d’Aurigny, l'une des plus célèbres d'entre elles. Seul principe commun à tous : il faut être de la curée dénoncée par le titre du roman. Les affaires de Saccard se développent; Maxime épouse pour sa dot une gamine contrefaite et poitrinaire; Renée, leur complice et leur victime, consciente de son avilissement, meurt d’une méningite.

• La Curée, que Zola présente comme la peinture vraie de la débâcle d’une société, est un excellent document sur le Second Empire.

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