Databac

La conscience, l’inconscient

La conscience, l’inconscient
La constitution de la psychologie comme science a récusé la notion métaphysique de l’âme. Aujourd'hui la philosophie préfère user du terme de «conscience». La psychologie, quant à elle, a recours au terme grec de «psychisme». C’est à partir de Descartes que la notion de conscience a cessé d’être employée dans le sens de« conscience morale » pour désigner le retour réflexif sur soi par lequel on pense qu'on pense. Comme expérience la conscience est un fait irrécusable. Elle a pour elle le poids de l'évidence. apposer la conscience à l'inconscient se heurte à la difficulté majeure que la conscience se donne immédiatement à elle-même tandis que l'inconscient se dérobe. De l'inconscient on n'a nulle conscience!
I. — . La conscience
A. La saisie de la conscience par elle-même
Si j'admets qu'un esprit malin me trompe toujours et partout ou, ce qui est la même chose, que je me trompe toujours et partout, dans tous mes jugements et mes idées, que reste-t-il? Après avoir posé ces questions dans les "Méditations métaphysiques", R. Descartes répond : -il faut bien que moi; moi qui pense et, partant, qui me trompe, je suis ou j'existe, justement pour pouvoir me tromper. Autrement dit -: «Je pense donc je suis. » Mais qui suis-je? Justement une « chose» qui pense, c'est-à-dire une chose « qui doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent». La pensée — au sens large, tel 'que l'entend Descartes — c'est donc la conscience. Plus aisée à connaître que le corps, la conscience est la première certitude. Elle est ce qui résiste à tous les efforts du doute. Pour Descartes la saisie de la conscience par elle-même suppose qu'on ait préalablement rejeté tout ce qui était en elle. C'est le but du doute. Ce qui apparaît dès lors, c'est la pure activité de la conscience. Dans le cogito, la pensée se saisit comme pensée, la conscience se saisit comme conscience, c'est-à-dire comme substance indépendante du corps, qui n'a pas besoin du corps pour exister. Saisie ainsi dans sa pure signification, il suffit à la conscience de s'analyser pour saisir ses propres qualités.
B. Les qualités de la conscience
1. La transparence de la conscience Ce qui est présent dans la conscience semble directement accessible. Un simple regard, une simple introspection suffisent. De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité. Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification. Bref la conscience est transparente à elle-même. Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante. En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet. L'objet est une zone d'opacité pour la conscience. Quand je m'engage dans la connaissance du monde extérieur, je quitte le domaine de la certitude. Seule la transparence de la conscience à elle-même ouvre la sphère de la certitude. Autrement dit, je lis dans ma conscience, à livre ouvert. La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par elle avec évidence comme telle.
2. L'immédiateté de la conscience D'autre part, ce qui fait l'originalité du rapport de la conscience à elle-même, c'est l'immédiateté. Nul intermédiaire, nulle médiation, la conscience se donne immédiatement. Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant. En effet, c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe» que cette proposition est vraie. C'est dans l'instant où elle se -donne que je l'éprouve dans sa vérité. Le présent est la seule chose qui échappe au doute. Il se distingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette dernière et de la reconstruction qu'elle implique. Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté. Le présent est le temps de la vérité de la conscience.
3. L'unité de la conscience Par-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique. Le vécu peut se présenter sous des formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voire identiques, peuvent être différentes, mais, par-delà ces différences, il s'agit de mon expérience, de mon vécu. La multiplicité ne prend sens que sur fond d'unité de la conscience. Ainsi Descartes dans la "Deuxième Méditation" reconnaît qu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination, la sensibilité. Mais ces facultés sont toutes déduites à partir de l'unité du cogito. La conscience s'apparaît donc à elle-même comme fondamentalement unique et identique. Elle joue comme pouvoir unificateur. C'est cette unité de la conscience qui assure l'accès à la personne. Kant écrit : « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous , les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce., à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le. rang et la- dignité, de choses, comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise 2. »
4. Le pouvoir de la conscience Immédiateté et transparence de la conscience à elle-même assurent la présence du sens. L'unité de la conscience permet d'assigner un pôle d'identité à une multiplicité d'actes pourtant différents. De cela et sur cela on peut fonder le pouvoir de la conscience. Car la possibilité de référer des actes divers à un même sujet exclut la possibilité de renvoyer la faute sur autrui. En outre la claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'un acte dont le sens échapperait au sujet.
C. Limites et illusions de la conscience
Si c'est dans son rapport à elle-même que la conscience s'éprouve comme une certitude, qu'en est-il du rapport à l'autre? Qu'en est-il du rapport entre les consciences? A m'enfermer dans le cogito, comment puis-je communiquer avec les autres consciences? Le seul rapport qui m'est permis d'avoir avec autrui c'est l'analogie. Du fonctionnement de ma conscience, j'induis le fonctionnement de la conscience d'autrui. C'est à partir de moi-même que je comprends l'autre. Mais dès lors ce qui disparaît c'est la certitude de la vérité. En effet, dans la mesure où je n'ai pas accès à l'intériorité d'autrui autrement que sur le mode de l'analogie, je n'ai aucun moyen de contrôler ce qu'il me dit. Il peut tout aussi bien dire la vérité que mentir. Le rapport avec autrui repose donc sur un acte de foi. La deuxième difficulté que souligne Bergson, c'est « l'écrasement de la conscience » par le langage: « Non seulement le langage nous fait croire à l'invariabilité de nos sensations mais il nous trompe sur le caractère de la sensation éprouvée. Ainsi, par exemple, quand je mange d'un -mets réputé exquis, le nom qu'il porte, gros de l'approbation qu'on lui donne, s'interpose entre ma sensation et ma conscience. Je pourrai croire que la saveur me plaît alors qu'un léger effort d'attention me prouverait le contraire.3 » Enfin le pouvoir de la conscience repose sur le fait qu'elle est perçue comme une force autonome susceptible de s'opposer à une autre force. Elle est capable de dire non. Mais cette force n'est-elle pas illusoire? La conscience n'est-elle pas toujours déterminée par un autre qu'elle-même? Ainsi, par exemple, la conscience de d'enfant ne se développe qu'en liaison avec des incitations fonctionnelles venant du milieu extérieur. Très tôt il y a intériorisation des conduites sociales. L'intérieur n'est jamais que le produit de l'intériorisation de l'extérieur. Il y a aussi ce quelque chose que nous ne pouvons pas connaître mais qui se démontre par ses effets, ce quelque chose que Freud appelle l'inconscient. ■ En fin de compte, la conscience n'enregistre-t-elle pas ou ne traduit-elle pas ce qui se trouve au-delà d'elle et indépendamment d'elle? Rimbaud disait : « C'est faux de dire : je pense; on devrait dire on me pense. Pardon du jeu de mots. Je est un autre. 4 »
II. — L'inconscient
A. La psychanalyse
La psychanalyse est une théorie et une thérapeutique des névroses, c'est-à-dire des troubles de l'équilibre psychique et de l'affectivité : angoisses, obsessions, phobies... Elle a pris naissance vers la fin du XIXe siècle. Le Dr Joseph Breuer et l'école de J.-M. Charcot traitaient alors les malades par l'hypnose et la suggestion. Le premier cas traité fut celui d'Anna O..., jeune fille de vingt et un ans qui, à la suite de la mort de son père, souffrait de toux nerveuse, de paralysies, de troubles de la mobilité oculaire, d'anorexie et d'impossibilité de boire malgré une soif intense. Mise en état d'hypnose par Breuer, elle parla d'une scène avec son père malade pendant laquelle, ayant envie de pleurer, elle retint ses larmes. Réveillée de son état hypnotique, elle ne souffrait plus de ses yeux. Elle fit aussi le récit du petit chien de sa gouvernante, qu'elle n'aimait pas et qui avait bu dans son verre. Son récit achevé, elle manifesta sa colère, restée contenue jusqu'alors. Puis elle demanda à boire. Ainsi Anna O. fut délivrée de ses symptômes après s'être rappelée, sous hypnose, à quelle occasion ils étaient apparus pour la première fois. Breuer avait inventé le traitement «cathartique» (du grec catharsis qui signifie purgation). Anna O. usait d'un terme plus métaphorique : « chimney sweeping » (ramonage) ou encore parlait de « talking cure» (cure parlante). S. Freud abandonna le traitement par hypnose, procédé incertain au caractère magique et qui n'avait pas d'effet thérapeutique durable. Il inventa. une méthode d'investigation à laquelle il donna le nom de «psychanalyse». Ce traitement s'en tient à l'usage du seul langage. La seule obligation pour le malade est de faire table rase de toutes les conventions de langage imposées par le code social. C'est l'obligation de tout dire, de ne rien cacher, de laisser libre cours au discours. Cette règle, dite « règle fondamentale», devient le support de l'analyse. Ce discours se présente avec une apparente incohérence, il y a des temps de silence, des temps de blocage où se marquent les résistances. L'analyste doit trouver le nœud à dénouer, faire l'interprétation et découvrir une cohérence nouvelle faite des lois de l'inconscient. C'est la grande découverte de Freud : la technique des associations libres. L'association mentale permet d'amener à la conscience les souvenirs (images, fantasmes) qui se rattachent à des traumatismes de l'enfance. L'enfant a subi des traumatismes qui subsistent sous forme de complexes. Ces traumatismes qui avaient un sens à quatre, cinq ou six ans n'en ont plus à trente, quarante ans. Le souvenir en est cependant resté figé dans l'inconscient. La technique de l'analyse permet de ' ramener ses souvenirs à la conscience. Au cours du traitement, un rapport privilégié s'installe entre le psychanalyste et le patient : le transfert. Au lieu de se souvenir le patient se conduit envers le psychanalyste comme il s'est conduit dans son enfance par rapport à des personnes de son entourage. Il y a déplacement sur l'analyste de l'amour, de la haine, des émotions, des fantasmes éprouvés par le patient dans son enfance à l'égard de ses parents et de ses proches. Le passé, en se répétant ainsi une dernière fois, subit sa mort. Parmi les découvertes de Freud, il convient de noter sa théorie de la sexualité. Selon lui l'enfant a une vie sexuelle. Il est un«pervers polymorphe». Autrement dit, il passe par toutes les formes de perversions avant de parvenir à la sexualité normale. Les stades par lesquels passe l'enfant sont : le stade oral (première année de la vie) dans lequel le plaisir est lié à l'usage de la bouche (succion du sein maternel, du biberon, du pouce, morsure); le stade sadico-anal (deuxième et troisième année de la vie) dans lequel le plaisir est lié à l'excrément et à l'usage des sphincters anaux (défécation; rétention); le stade «phallique» (entre trois et cinq ans) dans lequel le plaisir est lié à l'usage des organes génitaux (onanisme); le stade génital, celui de la sexualité adulte, dans lequel le plaisir est dominé par le coït. L'autre découverte, aussi importante et qui fit aussi scandale, est ce que Freud appelle le- complexe d'Œdipe : l'attachement sexuel de l'enfant au parent du sexe opposé et la rivalité avec le parent de même sexe. On connaît les deux crimes d'Œdipe : il a tué son père et épousé sa mère. Ces deux désirs primitifs de l'enfant forment le noyau de toutes les névroses.
B. L’inconscient et ses manifestations
S. Freud qualifie d'inconscient tout processus psychique dont l'existence nous est démontrée par ses manifestations mais dont par ailleurs nous ignorons tout, bien qu'il se déroule en nous.
1. L'appareil psychique .
Freud affirme que notre psychisme est formé de plusieurs instances. Elles sont au nombre de trois : le ça, le moi, le sur-moi. Originairement le psychisme est constitué par le ça. Son contenu comprend tout ce que l'être apporte en naissant, tout ce qui a été constitutionnellement déterminé, -donc avant tout les pulsions. Ces dernières sont des forces profondes qui agissent à l'arrière-plan et qui représentent dans le psychisme les exigences d'ordre somatique : la faim, l'agressivité, les désirs sexuels... Ces pulsions cherchent à se réaliser. Le ça nous est totalement inconnu, il est entièrement inconscient. La deuxième instance, - le moi, c'est la volonté, la pensée et donc la conscience. Une partie du moi est néanmoins inconsciente, la plus proche du ça, celle qui est chargée de réaliser nos pulsions. La troisième instance, le surmoi, est l'héritière de toute la morale, de toute la civilisation : c'est l'intériorisation des interdits parentaux, sociaux, de toutes les forces répressives que l'individu a rencontrées au cours de son développement. Le ça demande, le surmoi commande ou pas, autorise ou non. Le moi se trouve pris entre les exigences contradictoires du ça et du surmoi. La névrose, la maladie, n'est jamais qu'un compromis entre ces forces contradictoires. Pour Freud est considéré comme acceptable tout comportement du moi qui satisfait à la fois les exigences du ça, du surmoi et de la réalité. Parmi les pulsions, Freud distingue deux grandes catégories : celles qui relèvent d'Eros (pulsions de vie) et celles qui , relèvent de Thanatos (pulsions de mort).
2. Les manifestations de l'inconscient
L'inconscient se manifeste d'abord dans les lapsus et. les actes manqués. Les lapsus sont des erreurs de langage qui échappent à ceux qui parlent et qui ont un caractère involontaire. Par exemple, le locuteur dit le contraire de ce qu'il voudrait dire. Freud cite le cas d'un président qui, dans son discours d'ouverture, dit :«Je déclare la séance close. » Les lapsus peuvent aussi consister en erreurs d'expression qui, par oubli ou adjonction d'une négation, font énoncer des propos offensants au lieu d'une formule de politesse. Ainsi, par exemple, on dit : « Restez donc debout, je vous prie » au lieu de « Ne restez pas debout. » Les lapsus ou actes manqués sont pour Freud des « actes psychiques complets ». Ils témoignent d'un désir profond et inconscient et résultent de l'interférence de l'expression de ce désir avec ce qu'on voudrait ou devrait consciemment dire.
L'inconscient se manifeste aussi dans les rêves.
Le rêve a le plus souvent un caractère incompréhensible et absurde. L'humanité a toujours cherché à dégager le sens des rêves, proposant même des clefs pour leur interprétation. Pour Freud, le rêve est l'expression d'un désir inconscient qui ne peut s'exprimer du fait de la censure qui, bien que relâchée dans le sommeil, continue à s'exercer. Le désir ne peut donc s'exprimer que d'une façon déguisée en utilisant en particulier un langage symbolique. Le rêve présente donc un double contenu : un contenu manifeste absurde, incohérent, le rêve tel qu'il apparaît à celui qui en fait le récit; un contenu latent, c'est-à-dire une organisation de pensées, un discours, exprimant un ou plusieurs désirs, le rêve tel qu'il apparaît une fois déchiffré. L'investigation psychanalytique permet le passage du contenu manifeste au contenu latent d'un rêve. Le rêve, dit Freud, est « la voie royale de l'inconscient ». L'inconscient se manifeste enfin dans le symptôme névrotique. La névrose se caractérise par des obsessions, des manies, des angoisses qui peuvent perturber le comportement mais qui à la différence de la psychose ne détruisent pas la personnalité. Les symptômes sont souvent des comportements absurdes dont la signification est cachée. Ainsi, par exemple, Freud raconte le cas d'une jeune fille qui chaque soir avant de pouvoir dormir devait accomplir un cérémonial long et compliqué, exigeant en particulier que la porte qui séparait sa chambre de celle de ses parents restât ouverte. L'analyse a révélé qu'elle avait des désirs incestueux pour son père et que par ce cérémonial elle empêchait ses parents d'avoir des relations entre eux. Les symptômes de la névrose présentent donc un sens latent. Ils sont la satisfaction détournée et imaginaire des pulsions du ça. Le désir cherche à l'insu du moi conscient à se satisfaire. Mais il y a à l'œuvre un processus de déformation : le refoulement. Le désir ne peut donc s'exprimer que sous la forme déguisée du symptôme.
3. Les problèmes d'interprétation
Certains psychanalystes et philosophes critiquent ce concept d'inconscient. J.-P. Sartre soutient qu'il n'y a pas d'inconscient. Les souvenirs sont refoulés, écartés mais existent à l'état virtuel dans la conscience. Selon lui il est absurde de parler d'une conscience inconsciente. Nous retrouvons là un écho de la pensée cartésienne : toute l'essence du psychisme est d'être consciente. Il ne saurait donc y avoir d'inconscient. Sartre est en outre partisan de la psychanalyse. Il cherche donc à élaborer l'idée d'un refoulement conscient, ce qu'il appelle « la mauvaise foi». C'est une attitude qui consiste à écarter les problèmes, les idées déplaisantes. La conscience est en quelque sorte « un coup de projecteur». La mauvaise foi consiste à braquer le projecteur ailleurs. Il y a donc du non-conscient, mais ce non-conscient n’est pas une autre forme du psychisme. Sartre en fait n’est pas un psychanalyste. Or, depuis un certain nombre d’années, la psychanalyse connaît un regain d’intérêt. Son approche a été bouleversée par les travaux de Lacan. Ce dernier considère que la psychanalyse est bien la science de l’inconscient. Nul doute à cet égard, le' moindre contact avec un névrosé montre bien qu’il y a un inconscient. Par exemple, la haine du père, qui se manifeste de diverses manières, est bien ancrée dans le' psychisme depuis l’enfance. Mais Lacan admet cependant qu’il y a une part d’erreur chez Freud ou tout au moins chez les interprètes. L’inconscient n’est pas — comme ces derniers l’affirment — un réservoir d’instincts, de pulsions biologiques innées. L’inconscient, dit Lacan, c’est le « discours de l’Autre». Pour Lacan, il y a une suprématie de la parole et du signifiant. L’ordre symbolique est constitutif du sujet. Autrement dit, le signifiant habite l’homme et celui-ci ne le constitue pas mais s'insère dans son ordre. D’autre part, ce n’est qu’en tant qu’il est inséré dans cet ordre que l’homme existe. Enfin, si l’homme oublie le signifiant, celui-ci ne l’oublie jamais. Comme le dit Lacan, celui dont les lèvres se taisent bavarde avec les mains. Ainsi « tout acte manqué est un discours réussi», le rêve a la structure d’une énigme, d’un rébus, d’une phrase, le symptôme est lui-même « structuré comme un langage» et se résout tout entier dans une analyse de langage. Le sujet est donc « serf du langage». Avant même sa naissance, sa place est déjà inscrite, ne serait-ce que sous la forme de son nom propre. Avant même de naître l’enfant a 'une existence dans les propos de ses parents. Il est donc inscrit dans ses rapports avec les autres. Ainsi, par exemple, l’enfant indésiré est largement inscrit dans les structures affectives de ses parents. Cela tient au fait que l’individu n’est pas seulement un corps, une somme d’actes, de sentiments, d’idées, c’est aussi un ensemble de rapports avec les autres. L’inconscient n’est donc pas intérieur à l’individu isolé, mais il est un type de rapport.
Sujets de dissertation
1. La conscience peut-elle se définir par la pensée? . 2. L'inconscient est-il un destin auquel nul ne saurait échapper?
1. Le cogito : le « je pense donc je suis». Acte par lequel la conscience s’affirme comme première certitude. Voir Le problème de la vérité dans les sciences. 2.- Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, E. Vrin. 3. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience. 4. Rimbaud, Lettre. à George Izambard du 13 mai 1871.

 

Liens utiles