La conscience de soi chez Kant
Dans son "Anthropologie du point de vue pragmatique", Kant analyse les conditions effectives de l'existence humaine, considérée dans son caractère empirique, c'est-à-dire indépendamment de toute considération morale. Dans le livre premier, il réfléchit sur les conditions d'apparition et de développement de la connaissance humaine.
Problématique
Ce qui distingue l'homme des animaux, c'est la possibilité de dire "je", manifestant par là l'existence d'une personnalité, d'une individualité singulière, irréductible à toutes les autres.
Enjeux
Le sentiment du moi est une donnée essentielle de la conscience. A vrai dire, sans cette conscience de soi, il n'y aurait qu'une conscience rudimentaire. On s’interrogera cependant sur le caractère peut-être illusoire de ce sentiment du moi.
KANT 1724-1804
La conscience de soi
Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus des êtres vivant sur la terre. Par là il est une personne, et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison [...]. Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement, ne commence qu'assez tard (peut-être un an après) à dire Je ; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.) et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je ; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler. Auparavant il ne faisait que se sentir ; maintenant il se pense.
moi : la philosophie distingue traditionnellement le moi psychologique, personnel, affectif, et le moi "transcendantal', qui est commun à tous les êtres humains. De ce point de vue, le "cogito" de Descartes concerne plus le moi transcendantal que le moi empirique dont nous parle ici Kant.