La Condition humaine d'André MALRAUX
La Condition humaine d'André MALRAUX, 1933, Folio.
• Comme Les Conquérants?, ce roman a pour cadre l’ancien Empire chinois en révolution.
• L’action se passe à Shanghai en mars 1927, au moment où la ville est investie par Chang-Kaï-Shek, héritier politique de Sun-Yat-Sen (fondateur de la République chinoise en 1911, mort en 1925) et chef du Kouomintang (parti nationaliste chinois), qui poursuit l’unification de la Chine partagée entre les seigneurs de la guerre. Les syndicats ouvriers de Shanghai, encadrés par les communistes, déclenchent une insurrection pour appuyer les troupes de Chang. Une fois maître de la ville, celui-ci fait arrêter et exécuter les chefs communistes, avec le soutien des milieux d'affaires européens qui régnent sur les concessions, zones franches accordées depuis le xixe siècle aux puissances européennes. Le parti communiste chinois avait espéré se servir de Chang, puis l’éliminer; il est au contraire démantelé, l’U.R.S.S. ayant choisi de contracter une alliance tactique avec Chang. Plusieurs protagonistes du roman sont victimes de ce drame collectif : Kyo Gisors, jeune intellectuel eurasien entré dans l’action par idéal, qui plaide en vain la cause des insurgés devant le représentant de Moscou à Han-Kéou, Vologuine ; Katow, ancien militant de la Révolution russe de 1917 ; arrêtés, ils sont jetés avec d’autres communistes dans le foyer d'une locomotive.
• C’est dans le cadre de ces authentiques violences de l'histoire que Malraux nous fait saisir le tragique de la condition humaine. Quelle que soit l’ampleur des événements, chaque individu reste d’abord engagé dans une lutte solitaire contre l'angoisse et contre la mort. Ainsi, le roman s’ouvre sur une scène caractéristique qui montre, aux prises avec la solitude et la mort, le terroriste Tchen chargé de poignarder un homme, dans son lit d’hôtel, pour s’emparer d’un papier qui procurera des armes aux syndicats. Pour régler ses comptes avec lui-même, ce désespéré finira par se jeter avec une bombe sous la voiture de Chang-Kaï-Shek. L’auteur présente un autre épisode comme symbolique, celui où Kyo, qui est pourtant un chef révolutionnaire solide, est saisi de l’étrangeté de son être en écoutant l’enregistrement de sa voix. En marge de l’action révolutionnaire, d'autres anxieux sont attentivement dépeints : le baron de Clappique, courtier en armes et antiquités, perpétuel bouffon ; Ferrai, président de la Chambre de commerce française, homme d’argent et amateur de femmes ; le vieux Gisors, professeur cultivé, qui a initié Kyo et Tchen au marxisme et ne saurait plus vivre sans opium. Quant au marchand de disques Hemmelrich, communiste sincère, il n’est plus, devant l’agonie de son enfant, que la figuration pathétique de l’impuissance humaine. Seuls semblent échapper à l’angoisse, ou la surmonter, le peintre japonais Kama, pour qui le sens du monde peut s’inscrire dans un trait de plume, et le Russe Katow qui entraîne Kyo dans l'exaltation de la fraternité virile lorsque, avant de mourir, il donne à ses camarades moins fermes que lui le cyanure qu’il gardait dans sa ceinture.
• Ce n’est pas tant sur le plan de la politique révolutionnaire que sur celui de la morale et de la confrontation de l’individu avec l’angoisse existentielle, que Malraux situe sa réflexion sur la condition humaine.
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- Le roman moderne, écrit André MALRAUX, est à mes yeux un moyen d'expression privilégié du tragique de l'homme, non une élucidation de l'individu. Commentez cette définition et montrez qu'elle convient exactement à la Condition humaine.
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