Databac

La Comédie humaine d'Honoré de BALZAC

La Comédie humaine d'Honoré de BALZAC, La Pléiade, Le Livre de poche.

• Titre adopté par Balzac en 1841 pour l'édition de ses oeuvres complètes selon un plan raisonné. Jusqu’en 1833, les divers romans de Balzac sont restés dépourvus de lien. À cette date, il imagine de faire reparaître ses personnages de l’un à l’autre, procédé appliqué pour la première fois dans Le Père Goriot (1834) : sur le manuscrit, Eugène de Massiac cède la place à Eugène de Rastignac, personnage introduit dans La Peau de chagrin (1831 ). Pour suivre le retour des personnages dans La Comédie humaine, on se reportera au Dictionnaire biographique des personnages de la Comédie humaine de Fernand Lotte reproduit dans l’édition de la Pléiade, tome XI. Le plan général de l’entreprise apparaît en 1834. D’abord exposé dans une lettre à Mme Hanska, il est présenté au public dans les introductions rédigées par Félix Davin, sur les directives de Balzac, pour une édition groupant ses œuvres sous les titres Études philosophiques et Études de mœurs. Balzac définit trois parties : des Études de mœurs, subdivisées en Scènes de la vie privée, Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne,Scènes de la vie politique, Scènes de la vie militaire, Scènes de la vie de campagne, des Études philosophiques et des Études analytiques (La Pléiade, t. XI). Il manque encore un titre d’ensemble. En 1837, Balzac songe à Études sociales. Puis apparaît en 1841 le titre définitif, La Comédie humaine, qui semble inspiré du poème de Dante La Divine Comédie (xive siècle). On sait les dimensions prodigieuses atteintes par le projet de Balzac : en 1845, il dresse un plan comportant cent trente-sept ouvrages écrits ou à écrire. À sa mort en 1850, il en avait achevé quatre-vingt-onze, dont six ne figuraient pas sur la liste de 1845.

• Dans un avant-propos rédigé en 1842 (cf. La Pléiade, t.1), Balzac expose les principes de son œuvre. Il signale d’abord ses dettes. Au naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), il doit l’idée de peindre la diversification de l’homme en espèces sociales sous l’influence des milieux. Au romancier écossais Walter Scott (1771-1832), qui a élevé le roman à la valeur philosophique de l'histoire, il emprunte sa technique romanesque, regrettant seulement qu'il n'ait pas songé à relier ses compositions l’une à l’autre de manière à coordonner une histoire complète. Suit la définition de son ambition : [...] écrire l'histoire oubliée par tant d’historiens, celle des moeurs, puis s'élever à une réflexion morale et philosophique sur la vie des sociétés ; il affirme même son souci de didactisme : J’écris à la lueur de deux vérités éternelles : la religion, la Monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament...

• Ce ne sont pas ces convictions religieuses et politiques qui font aujourd’hui la valeur de La Comédie humaine, mais la prodigieuse richesse du témoignage qu’elle constitue sur les bouleversements de la société française depuis la Révolution de 1789 jusqu’à la fin de la monarchie de Juillet : l’écroulement, puis la restauration partielle des anciennes hiérarchies désormais concurrencées par les privilèges de l’argent, l’ascension de la bourgeoisie, la naissance du capitalisme moderne, l’arrivisme et la fièvre de jouissance qui travaillent une partie du corps social. Balzac excelle dans la peinture de ces phénomènes collectifs autant que dans celle de types individuels propres à faire concurrence à l'État civil. Sur le plan technique, Balzac a mis au point un nouveau type de roman, consacré à la peinture et à l’explication totales de la réalité, qui était destiné à devenir, au nom du réalisme littéraire, le modèle du genre romanesque pour plusieurs générations. Cette gloire a même masqué longtemps un aspect essentiel de son art que Baudelaire a par réaction opportunément souligné : J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné (L’Art romantique, article sur Th. Gautier). Il reste impossible d’étudier les problèmes du roman sans se référer à Balzac. Sont étudiés dans ce Dictionnaire les romans suivants : César Birotteau, Les Chouans, La Cousine Bette, Le Cousin Pons, La Duchesse de Langeais, Eugénie Grandet, Ferragus, La Fille aux yeux d’or, Illusions perdues, Le Lys dans la vallée, Les Paysans, La Peau de chagrin, Le Père Goriot, Splendeurs et misères des courtisanes, Une ténébreuse affaire.

Liens utiles