LA BOETIE Etienne de
LA BOETIE Etienne de 1530-1563
On le connaît surtout par les pages admirables que sa mort arracha, si l’on ose dire, à son ami Michel de Montaigne. Juriste de formation, humaniste par vocation, traducteur de Plutarque, d’Aristote et de Xénophon, il est l’auteur du Discours sur la Servitude volontaire (1874), étonnant hymne à la liberté d’un ardent jeune homme de dix-huit ans.
LA BOÉTIE Étienne de. Ecrivain français. Né le 1er novembre 1530 à Sarlat (Périgord), province qui nous donna plusieurs écrivains de la Renaissance comme Montaigne, Mont-hic, Bernard Palissy, il fait ses études à Bordeaux, au collège de Guyenne, le plus brillant du Midi au XVIe siècle. Sa précocité est remarquable; à seize ans, il avait traduit déjà plusieurs ouvrages grecs; à dix-huit ans, selon d’Aubigné, dans la rancoeur d’une vexation reçue lors d’une visite au Louvre ou, plus probablement, ému par l’impitoyable répression exercée par Montmorency sur la foule bordelaise soulevée contre les collecteurs d’impôts, il écrit son Discours de la servitude volontaire pour dénoncer les abus de la force. Mais, lorsqu’à vingt-deux ans il est nommé conseiller au Parlement de Bordeaux, La Boétie paraît rapidement guéri de ses premières fièvres. Pris de dégoût devant les guerres civiles commençantes, il rêve parfois de fuir en Amérique. En janvier 1562, il rédige des mémoires sur l’assemblée de magistrats tenue à Saint-Germain-en-Laye sous l’inspiration de L’Hospital; lorsqu’il mourut, le 18 août 1563, à trente-trois ans, il laissait encore des traductions de Plutarque et de Xénophon, une description du Solitaire et sauvage pais de Médoc et des lettres, oeuvres restées longtemps manuscrites, à l’exception de sonnets et de poésies latines insérés par Montaigne dans ses Essais. C’est en effet à l’amitié de Montaigne, son cadet de deux ans, que La Boétie doit de n’être pas oublié. Les deux humanistes s’étaient rencontrés vers 1558, alors que Montaigne venait d’être nommé, lui aussi, conseiller au Parlement de Bordeaux. Ce fut le « type de l’amitié-passion », née soudain « avec l’imprévu et la rapidité de l’amour », dit Sainte-Beuve. En vers latins, La Boétie célébrait entre eux ce « mariage des âmes » ; après la mort de son ami, Montaigne portera le deuil de La Boétie, vivra dans le culte de sa mémoire. Grossissant son importance, lui si peu prodigue en admiration, il le proclamera le « plus grand homme » de tout le siècle et fera de lui un génie méconnu ayant, « tout le long de sa vie, croupi méprisé aux cendres de son foyer domestique ». A vrai dire, le seul titre véritable de La Boétie reste ce Contr’Un ou Discours de la servitude volontaire . Malgré la belle violence de plusieurs passages, le livre de La Boétie ne fit que peu d’impression sur ses contemporains; les pamphlétaires protestants l’utilisèrent pourtant et, à chaque époque troublée, en 1789, sous la Restauration, on devait s’en resservir. Lamennais le réédita après 1830 et en fit une arme contre la monarchie de Juillet.
♦ « Je l’aimais parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Montaigne. ♦ « L’immortel honneur de La Boétie est de nous représenter Montaigne en cette époque de stoïcisme moral et avant le scepticisme, Montaigne enthousiaste du bien; et toutes les fois qu’il lui arrivera plus tard de resonger à son ami et d’en parler, Montaigne redeviendra ce qu’il était en ces années où il le connut et où ils s’unirent. L’image de La Boétie demeura jusqu’à la fin dans sa vie et s’y maintint debout comme la colonne isolée d’un temple. » Sainte-Beuve.
LA BOÉTIE, Étienne de (Sarlat, 1530-Germignan, 1563). Écrivain français. Conseiller au parlement de Bordeaux, ami de Montaigne auquel il révéla le stoïcisme, il rédigea outre des sonnets, un pamphlet contre la tyrannie, le Discours de la servitude volontaire (vers 1553). La publication de son oeuvre est entièrement posthume.