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kula

Vaste circuit inter-tribal d’échanges intéressant une vingtaine d’îles de Mélanésie, les plus connues étant l’archipel Trobriand étudié par Malinowski et l’île Dobu étudiée par Fortune. Les transactions les plus caractéristiques du système kula ne sont pas commerciales, car elles portent non sur des marchandises, mais sur des objets dépourvus de toute utilité et ayant la même fonction que les Joyaux de la Couronne dans le rituel des monarchies européennes ou les trophées gagnés dans les compétitions sportives. Ces objets qui sont de deux sortes seulement (brassards et colliers de coquillages) ne sortent jamais du circuit et s’échangent l’un contre l’autre en suivant un parcours inverse le long du cercle des transactions. Ils mettent de 2 à 10 ans pour faire un tour complet et revenir à leur point de départ. Au terme d’un cycle chacun des échangistes se retrouve en possession des objets qu’il avait en commençant et quiconque chercherait à obtenir plus qu’il n’a donné initialement perdrait la face définitivement. A côté et à l’occasion de ces échanges « nobles », d’autres opérations de caractère proprement commercial ont lieu aussi, mais elles en sont strictement séparées. Le système repose sur deux sortes d’entreprises complémentaires : 1° de grandes expéditions maritimes véhiculant un nombre considérable d’objets, 2° des échanges beaucoup plus humbles faisant circuler un seul des objets précieux sur une distance de quelques kilomètres ou d’une maison à l’autre (kula de l’intérieur). D’autres systèmes assez semblables dans leur forme et leurs fonctions ont été observés dans diverses régions du monde (notamment en Mélanésie). L’intérêt théorique de ces institutions est considérable puisqu’on y trouve intimement mêlés des phénomènes économiques, des conduites de parade, le fonctionnement de réseaux d’alliances politiques, etc. L’anthropologie économique y a trouvé son point de départ et une bonne partie de sa problématique. Malinowski (1922), Mauss (1925), Uberoi (1962).