KRUSENSTIERNA Agnes von

KRUSENSTIERNA Agnes von. Écrivain suédois. Née à Växjö (Smaland) le 9 octobre 1894, morte le 10 mars 1940 à Stockholm. Krusenstierna naquit et grandit au sein de cette aristocratie et de cette bourgeoisie qui avaient donné à la génération de 1890 ses écrivains les plus aimés, Heidenstam, Selma Lagerlôf, Fröding. A la suite de ses aînés, elle exprime le drame de la rupture sociale dans le monde moderne, recueillant en outre l'héritage poétique, romantique et légendaire de la Suède. Mais il existait en elle une troisième ligne de force profonde, qui marque toute son oeuvre d'un caractère insolite et dans laquelle on peut déterminer l'influence de son mari, l'écrivain David Sprengel (1880-1951) : hantise de l'enfer intérieur, des éclairs, des cris jaillissant au coeur de l'épopée ou de l'idylle. Son oeuvre se compose de plusieurs séries comprenant chacune quelques volumes : Tony, 3 vol. (1922-1926), Les Demoiselles de Pahlen, 7 vol. (1930-35) dont on a traduit en français : La Route des femmes, Noblesse pauvre [ 1935-1938, 4 vol.]. Krusenstierna s'inscrit dans la lignée des visionnaires de Stagnelius et de Strindberg. Toute la description réaliste de la société de Stockholm se dégage d'un monde souterrain aux profondeurs ténébreuses. Le drame est là, caché dans l'universelle magie de la sensualité, mêlé aux terreurs paniques auxquelles n'échappe presque aucun des personnages. Univers somnan-bulique, peuple de trolls, de monstres, de princesses captives, qui, délivrées, « ne supportent pas l'amour », jeunes filles en fleur au milieu de scènes de démence et de terreur, cette oeuvre chargée d'un mysticisme sexuel aux prolongements cosmiques confère à Agnes von Krusenstierna une place tout à fait à part dans la littérature suédoise contemporaine.