KOUO MO-JO (pseud. de Kouo K'ai-tchen)
KOUO MO-JO (pseud. de Kouo K'ai-tchen). Poète, romancier, dramaturge, érudit et homme politique chinois. Né à Cha-wan (Sseu-tch'ouan) en novembre 1892, mort à Pékin le 12 juin 1978. Personnage fascinant, pétri de contradictions, il fut une des figures marquantes de la vie littéraire et de la scène politique chinoise pendant près de soixante ans. Issu d'une famille de propriétaires terriens, il manifesta très jeune un caractère impulsif. En 1913, déçu par un mariage imposé, il partit pour le Japon afin d'y étudier la médecine, qu'il ne devait jamais exercer en raison de sa surdité. Il se tourna alors vers la littérature : influencé par le romantisme occidental et par des auteurs tels que Shelley, Whitman, Tagore, il composa dès 1919 ses plus beaux poèmes, réunis en 1921 en un recueil intitulé Déesses : pièces en vers libres qui ouvraient une nouvelle période de la poésie chinoise et traduisaient les aspirations passionnées de la « génération du 4 mai ». En 1921 au Japon, Kouo Mo-jo fonda avec Yu Tafou et Tch'eng Fang-wu le groupe « Création », qui publia à Shangaï plusieurs périodiques du même nom, supposant d'abord par son esthétisme et son romantisme à l'école réaliste et sociale de la « Société d'études littéraires». Mais les années 1924-1925 et les événements du 30 mai 1925 devaient marquer un tournant radical dans l'histoire de « Création » et dans celle de Kouo Mo-jo. Il annonça sa conversion au marxisme et « Création » proclama qu'il fallait passer « de la révolution littéraire à la littérature révolutionnaire ». Kouo Mo-jo se rendit à Canton et y eut une intense activité politique : il participa à l'Expédition du Nord et prit part au soulèvement de Nan-tch'ang en août 1927. Après son échec, contraint de s'enfuir au Japon, il y resta dix ans. Ce fut cet exil qui le conduisit aux recherches érudites. Il s'intéressa alors aux inscriptions sur os et vases de bronze et rédigea plusieurs études qui font autorité, et des ouvrages plus contestes sur l'histoire sociale ancienne de la Chine. C'est également à cette époque qu'il commença à rédiger son autobiographie. Le « Front uni antijaponais » lui permit de rentrer en Chine en 1937. Pendant la guerre, il vécut à Tch'ong-k'ing, occupant des postes importants. De cette période datent plusieurs de ses drames historiques, allégories permettant à l'auteur la critique d'événements contemporains. K'iu Yuan (1942) est le plus connu. Depuis la fondation de la République populaire chinoise. Kouo Mo-jo n'a jamais cessé d'occuper de hautes fonctions : Il était notamment Président de l'Académie des sciences, Président de la Fédération des écrivains et des artistes chinois. Il adhéra au Parti communiste en 1958 et a toujours suivi fidèlement la ligne politique du Parti, quelles que fussent ses orientations. S'il n'a plus écrit d'oeuvre marquante, il a composé encore des pièces historiques et des poèmes de circonstance. A la différence d'autres écrivains, la Révolution culturelle l'a épargné. L'oeuvre de Kouo Mo-jo est immense et diverse. Outre Déesses et K'iu Yuan, on doit citer des recueils de poèmes: Ciel étoilé [1923], Le vase [1925], des oeuvres en prose empreintes de romantisme et de subjectivisme : La Pagode [ 1925], Une olive [Kan lan, 1926], Feuilles tombées [Lo ye, 1928], ce dernier récit composé de lettres d'amour d'une Japonaise à son fiancé chinois. Parmi ses drames historiques, citons encore Ts'ai Wen-ki (1959) et Wou Tsö-t'ien (1962). Kouo Mo-jo a traduit de nombreux auteurs occidentaux : sa traduction des Souffrances du jeune Werther de Goethe (1922) eut un immense retentissement sur la jeunesse. Il a composé plusieurs ouvrages d'histoire. Il a écrit enfin huit volumes autobiographiques avec l'intention de révéler « à travers une existence individuelle le visage d'une époque ». C'est « paradoxalement», juge P. Ryckmans, « ce que Kouo Mo-jo a écrit de meilleur ».