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Köprülü, Méhémet (Roudnik, Albanie, 1575 - Andrinople 1661), et Ahmed (Vezir-Kôprü, Anatolie, 1635-Andrinople 1676); grands vizirs [1656-1661] et [1661-1676].

Köprülü, Méhémet (Roudnik, Albanie, 1575 - Andrinople 1661), et Ahmed (Vezir-Kôprü, Anatolie, 1635-Andrinople 1676); grands vizirs [1656-1661] et [1661-1676]. M.K. et son fils A.K. sont indissociables tant par leur action que par leur importance. Ils réussissent à arrêter le déclin de l'Empire ottoman et à susciter un nouvel essor de sa puissance. Albanais émigré en Asie Mineure, M.K. commence sa carrière comme cuisinier au sérail. Son ascension est inhabituelle et rapide mais résulte de ses extraordinaires capacités. Il devient premier écuyer du grand vizir Kara Mustafâ, combat sur plusieurs champs de bataille et assume finalement la charge de gouverneur de Damas, où il agit avec prudence et équité. Lorsqu'en 1648 l'incapable sultan Ibrahim est remplacé par son fils, Mehmed IV, âgé de sept ans, deux groupes s'opposent, travaillant l'un contre l'autre et affaiblissant l'État : la cour et l'armée. De 1648 à 1656, pas moins de treize grands vizirs se succèdent, ce qui suffit à montrer combien il manque à l'Empire une forte personnalité. Alors que les ennemis de l'Empire menacent de mettre à profit ses faiblesses internes, M.K., âgé d'environ soixante-dix ans, est élevé au titre de grand vizir le 15 septembre 1656. Il est muni de pleins pouvoirs extraordinaires qui font de lui quasiment un vice-sultan. M.K. rétablit dans le sang la discipline dans l'armée et l'obéissance dans les provinces. Il met un terme à l'influence du harem et des cercles de cour et réprime les fanatiques religieux. Avec prudence, M.K. met les finances en ordre ; avec intelligence et dureté, il restaure rapidement la confiance en l'administration centrale. L'ordre rétabli à l'intérieur, le renouveau du sens de l'Etat et de la confiance entraînent rapidement des succès extérieurs : M.K. réussit à faire de la Transylvanie, enlevée à Georges Rakoczi II (1658), un État vassal, à repousser les fron- tières de l'Autriche, à tenir tête aux Vénitiens et à réprimer des soulèvements en Asie Mineure. Lorsque M.K. meurt le 1er novembre 1661 à Andrinople, les cinq années de son gouvernement ont suffi pour apporter un changement déterminant. Le jeune sultan fait preuve d'intelligence en décidant de suivre la recommandation de M.K. et en donnant la charge de grand vizir au fils de celui-ci. Cela permet de poursuivre l'oeuvre de remise en ordre et d'affermissement. A.K. est né en 1635 à Vezir Kôprü et a reçu une solide éducation. Il était destiné à devenir juriste mais il reçoit la charge de gouverneur d'Erzeroum (1658) puis de Damas (1659). Son administration excellente et juste et sa conduite victorieuse contre les Druzes décident le sultan à faire d'A.K. l'adjoint de son père et à le nommer grand vizir aussitôt après la mort de ce dernier. Il conduit sa politique avec intelligence et sévérité, dépassant même son père en éducation et en diplomatie. On loue son jugement sûr et son intelligence pénétrante. Tant l'ordre intérieur que les campagnes militaires aux frontières de l'Empire portent la marque de sa personnalité. Én 1663, il envahit la Hongrie et, malgré la défaite de Saint-Gotthard, il arrache en 1664 la paix favorable de Vasvàr. Il conduit lui-même les vingt-neuf mois de combat nécessaires à la prise de la Crète et les conclut en 1669 par la prise de Candie. En 1672, il s'empare de la forteresse de Kamenets en Pologne. Ami des arts et des sciences, il les encourage même pendant ses campagnes militaires. Il soutient des poètes, des historiens et des juristes. Il fonde une bibliothèque à Constantinople, dont les fonds existent encore aujourd'hui. Précocement vieilli, il trouve la mort le 30 octobre 1676, lors d'un voyage dans les environs d'Andrinople. Bibliographie : R. Mantran (dir.), Histoire de l'Empire ottoman, 1989, p. 241-246.

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