KNAP Josef. Romancier, nouvelliste et théoricien du « ruralisme » tchèque
KNAP Josef. Romancier, nouvelliste et théoricien du « ruralisme » tchèque. Né le 27 juillet 1900 à Podùlsi, près de Jicin, mort le 13 décembre 1973 à Prague. D'origine paysanne, il fait des études universitaires et entre au département du théâtre du Musée national de Prague où il travaille jusqu'en 1951. Grâce à lui, la traditionnelle littérature « paysanne » se transforme pour répondre aux problèmes contemporains (réforme agraire, industrialisation et déracinement, crise économique et chômage, antagonisme ville-campagne, décomposition des valeurs morales et religieuses). S'inspirant des littératures Scandinave et russe, des Français Pourrat et Giono, ou du Suisse Ramuz, le mouvement « ruraliste » tente de redresser la situation en exaltant les campagnes, source d'énergie et de discipline morales, rappelant parfois leurs ressources religieuses et prônant un retour à la terre, au pays natal, à ses certitudes. Cette « doctrine » optimiste et idéaliste s'exprime par des moyens littéraires formant un large éventail, allant du naturalisme au lyrisme symbolique. Chez Knap, marqué par l'impression du poète Fràna Sràmek (1877-1952), la chaleur des sentiments va de pair avec le réalisme, une psychologie et une accentuation des personnages typés. Outre plusieurs livres de récits et de nouvelles, deux romans situés en ville, Le Ciel haut de printemps [1932], La Voix de jeune fille [1940], l'essentiel de son oeuvre comprend des romans « ruralistes » : La Vigne au mur [1926], Hommes et montagnes [1928], Puszta (1937), La Dot [1944] et son chef-d'oeuvre L'Etranger (1934). Parallèlement, il dirige la revue théorique Nord et Est [1925-1930], publie ses essais Les poètes de la paysannerie [1932], La Littérature de la terre tchèque [1939], ainsi que des études sur plusieurs poètes, sur l'auteur dramatique Jaroslav Hilbert (1871-1936), sur Selma Lagerlöf, etc. Le régime communiste de 1948 taxe les « ruralistes » de réactionnaires, exclut leurs oeuvres des bibliothèques et les condamne au silence et à la prison comme « criminels, espions, traîtres ». Knap n'y passe que quatre ans (sur onze) puis il peut travailler comme archiviste et publier ses études sur l'histoire du théâtre, un roman, Le Pays lointain, et un recueil de nouvelles (1970). Ses compagnons « ruralistes », notamment Frantisek Krelina (1903-1976), poète et romancier lyrique, douloureux, profondément croyant, et Vaclav Prokûpek (1902-1974), romancier aux préoccupations sociales et morales, sont frappés bien plus lourdement. Tous « réhabilités » à la veille du « Printemps de Prague », ils peuvent alors publier à nouveau avant d'être remis à l'index après 1970.
Liens utiles
- DM. (noté sur 20 points) - Plaisirs de la narration : l’art du romancier
- Dans son roman, les Faux-Monnayeurs, Gide prête à son personnage de romancier, Edouard la réflexion suivante : « Il se dit que les romanciers par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l'imagination qu'ils ne la servent et qu'ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux-ci comme il lui plaît ». Partagez-vous ce jugement ? Vous expliquerez et discuterez le point de vue énoncé par André Gide en vous appuyant sur vos lectures personnelles et l
- Un lecteur peut-il s'identifier à un personnage dont le romancier lui propose un portrait négatif ? Quel intérêt offre ce type de portrait ?
- « Nous sommes tous devant le romancier comme les esclaves devant l'empereur : d'un mot, il peut nous affranchir. Par lui, nous perdons notre ancienne condition pour connaître celle du général, du tisseur, de la chanteuse, du gentilhomme campagnard, la vie des champs, le jeu, la chasse, la haine, l'amour, la vie des camps. Par lui, nous sommes Napoléon, Savonarole, un paysan, bien plus -existence que nous aurions pu ne jamais connaître- nous sommes nous-même. Il prête une voix à la foul
- « Je tiens que le romancier est l'historien du présent, alors que l'historien est le romancier du passé »