KIERKEGAARD : LA MORT GUIDE ET STIMULE NOTRE VIE
[caption id="attachment_2348" align="alignleft" width="191"] Kierkegaard[/caption]
KIERKEGAARD : LA MORT GUIDE ET STIMULE NOTRE VIE
Envisagée avec sérieux, la mort ne nous détourne pas de la vie ni ne nous conduit à une recherche effrénée des plaisirs sensuels : envisagée avec sérieux, la mort nous fait comprendre l'entière et exacte valeur de la vie.
« Le sérieux comprend que si la mort est une nuit, la vie est le jour, que si l’on ne peut travailler la nuit, on peut agir le jour, et comme le mot bref de la mort, l’appel concis, mais stimulant de la vie, c’est : aujourd'hui même. Car la mort envisagée dans le sérieux est une source d'énergie comme nulle autre ; elle rend vigilant comme rien d'autre. La mort incite l’homme charnel à dire : “Mangeons et buvons, car demain, nous mourrons”. Mais c’est là le lâche désir de vivre de la sensualité, ce méprisable ordre des choses où l’on vit pour manger et boire, et où l'on ne mange ni ne boit pour vivre. L'idée de la mort amène peut-être l'esprit plus profond à un sentiment d’impuissance où il succombe sans aucun ressort ; mais à l’homme animé de sérieux, la pensée de la mort donne l'exacte vitesse à observer dans la vie, et elle lui indique le but où diriger sa course. Et nul arc ne saurait être tendu ni communiquer à la flèche sa vitesse comme la pensée de la mort stimule le vivant dont le sérieux tend l'énergie. Alors le sérieux s'empare de l’actuel aujourd'hui même ; il ne dédaigne aucune tâche comme insignifiante ; il n'écarte aucun moment comme trop court. »
Kierkegaard
ordre des idées
1) Thèse centrale : La pensée de la mort nous fait prendre conscience de la valeur de la vie. 2) Trois degrés possibles dans cette prise de conscience. Elle peut conduire à : — une exaltation de la sensualité chez l'homme superficiel, « l'homme charnel » ; — un sentiment d'impuissance, chez un esprit « plus profond » ; — une appréciation de toute la valeur et du sens de la vie chez le « sérieux » 3) Conclusion : le sérieux avec lequel nous envisageons la mort nous fait prendre avec sérieux la vie.
Liens utiles
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- Jean-Baptiste CHASSIGNET (1571-1635), Mespris de la vie et consolation contre la mort, sonnet XCVIII « Qu'est-ce de votre vie ? une bouteille molle ».
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