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KIANTO Ilmari. Ecrivain finlandais

KIANTO Ilmari. Ecrivain finlandais. Né le 7 mai 1874 à Pulkkila, mort le 27 avril 1970 à Helsinki. Descendant d'une vieille famille finlandaise, fils du pasteur de Suomussalmi, il passa toute sa jeunesse dans cette région de Kainuu, une des plus déshéritées de son pays — celle « de la faim et du pain de bois ». Il resta toute sa vie attaché aux habitants pauvres et aux paysages grandioses de ces grandes forêts frontalières, dont il s'inspira pour ses poèmes patriotiques, écrits aux pires moments de la russification, politique instaurée par Nicolas II, à l'époque même où il étudiait le russe à Saint-Pétersbourg. En 1904, il s'installa pour quelque temps comme professeur à Kajaani et, en opposition avec sa famille, fut le premier dans son pays à contracter un mariage civil, en dehors de l'Église. Mais la vocation de l'écrivain fut la plus forte, et il échangea l'enseignement contre une certaine liberté, qui lui permit d'effectuer plusieurs séjours en Carélie orientale, dont il défendait les intérêts culturels et le droit à une autonomie partielle. Mais les sources de l'oeuvre de sa maturité sont à Suomussalmi, où il fit construire sa fameuse villa de Turjanlinna (château de « turja » : un monstre de la mythologie finnoise). C'est donc au pays de sa jeunesse qu'il fit la connaissance des personnages inimitables du Trait rouge (1909) et de Jooseppi de Ryysyranta (1924) qui, malgré un réalisme bien senti, teinté d'humour noir, accusent certains traits du romantisme national du début du siècle. Original, indépendant, grand amateur de femmes, le verbe haut, ne ménageant pas ses rivaux, cet artiste au tempérament bouillonnant, bien en vue dans la vie littéraire et culturelle de son pays, avait ses admirateurs inconditionnels, mais aussi ses détracteurs. C'est à cause de ces derniers qu'en 1940 le vieil écrivain, appelé affectueusement « Iki » (étemel) par ses lecteurs, dut passer quelques mois en prison, pour avoir laissé dans sa villa, à l'intention de l'ennemi, un mot rédigé en russe où il priait les soldats de bien vouloir se conduire en hommes civilisés dans la maison du « conteur des forêts profondes », missive qui faillit le faire condamner pour « intelligence avec l'ennemi ». Tout s'arrangea grâce à l'intervention du président Kallio et, après avoir encore secoué l'opinion plusieurs fois, écrit des récits à caractère autobiographique et traduit des oeuvres des grands auteurs russes, Kianto s'éteignit paisiblement, presque centenaire, à son domicile de Helsinki, pour entrer définitivement dans la légende.

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