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KHOMIAKOV Alexei Stepanovitch

KHOMIAKOV Alexei Stepanovitch. Né le 1er mai 1804 à Moscou. Il vécut tantôt dans cette ville et tantôt dans sa propriété de Boguca-rovo, dans le district de Tula. Il mourut le 15 octobre 1860 au village Temovskoje, dans le district de Kazan'. Emmené, alors qu'il était enfant, à Saint-Pétersbourg par ses parents qui fuyaient l'armée de Napoléon, il commença à apprendre le grec et le latin. Une fois revenu a Moscou, il entreprit d'étudier la philosophie qui était dominée à cette époque par le courant romantique allemand, et comme tous les slavophiles il fut très influencé par Schelling. A deux reprises, il fut appelé dans l'armée, mais il y demeura peu de temps. Il effectua un premier voyage en Europe et fit à Paris plusieurs séjours en 1825 et 26. Il passa par l'Italie et la Suisse pour regagner la Russie, où il lut ses deux tragédies écrites peu avant, Ermak et Dmitri Samozvanetz dont seule la première fut jouée. En 1836, il se maria et se mit à fréquenter les salons et les cercles de l'« intelligentsia » russe, où ses promptes reparties et son talent de causeur lui permirent de remporter de faciles succès. Esprit universel, il s Intéressait à la fois à l'émancipation des serfs et aux machines à vapeur. Son unique défaut était une certaine indulgence pour la paresse, car il n'avait point découvert un idéal qui pût l'obliger a rassembler toutes ses forces. Mais les doctrines de Herzen qu'attirait l'occident, de Bélinsky, de Tchaadaev, contribuèrent à faire naître cet idéal. D'où la création d'un mouvement dont les adhérents étaient peu nombreux, mais doués de foi et d'énergie, et qui avait pour but de défendre la Russie, ses traditions religieuses, son histoire; à partir de cette date, Khomiakov fut considéré comme le fondateur du slavophilisme. Il écrivit de très nombreux articles, des poèmes qui exaltaient les villes antiques de la Russie, les coutumes nationales, les liens de la famille. Il se lia toujours plus étroitement avec les frères Kiréevskij qu'il avait connus pendant qu'il faisait ses études, avec Koche-lev, avec Samarin, puis avec Aksakov et bien d'autres qui aspiraient comme lui à défendre certaines valeurs. En 1847, il fit un voyage en Angleterre et traversa l'Allemagne. Son retour en Russie fut marqué par une volonté plus grande de réussir, en dépit de la censure, des soupçons, de la mort prématurée de sa femme (1852); c'est de cette époque, troublée par les épreuves, que datent les opuscules : L'Église latine et le protestantisme au point de vue de l'Êglise d'Orient et Quelques mots sur les communions occidentales, opuscules qu'il écrivit en français sur des questions controversées de l'Eglise et qui contribuèrent grandement à la renaissance du mouvement orthodoxe, en même temps qu'à la gloire de l'auteur. Après la mort de Nicolas Ier, en 1856, la publication de la revue Russkaia Béséda, qui devait devenir l'organe des slavophiles, fut autorisée. Mais le petit groupe de Khomiakov fut frappé coup sur coup : Kiréevskij, le philosophe, mourut un peu avant la mère de Khomiakov, puis ce fut le peintre Ivanov. Après avoir perdu l'un après l'autre ceux qu'il aimait le plus chèrement, Khomiakov succomba à son tour au choléra, en 1860. Ses oeuvres complètes furent rassemblées en huit volumes par son fils; le premier volume contient les articles publiés dans des revues, le second volume est entièrement consacré aux opuscules théologiques et à la correspondance avec Palmer, le troisième à sa production philosophique et littéraire, le quatrième renferme des poèmes de jeunesse et deux drames; du cinquième au septième, des mémoires sur l'histoire universelle, et le dernier sa Correspondance. Khomiakov écrivait beaucoup, mais c'est surtout en tant que fondateur du slavophilisme et en tant qu'orateur qu'il a influé profondément sur les destinées de ses compatriotes. Sa théologie est foncièrement orthodoxe et il prend parti contre le catholicisme et le protestantisme. Comme l'écrivit Berdiaev, pour Khomiakov l'unique source de la connaissance religieuse et l'unique garantie de la vie religieuse est l'amour fraternel.

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