KEROUAC Jean-Louis Lebris de (Jack)
KEROUAC Jean-Louis Lebris de (Jack). Ecrivain américain. Né le 12 mars 1922 à Lowelle (Massachusetts), mort le 21 octobre 1969 à Saint Petersburd (Floride). Breton par ses ancêtres paternels (Kerouc'h) et Normand par ses ancêtres maternels (L'Evesque), les uns comme les autres émigrés de longue date au Canada, puis dans le Nord-Est des Etats-Unis, où son père était imprimeur, Jack Kerouac vécut toute son enfance dans trois petites villes du Massachusetts. La famille parlait encore canadien-français : il dut donc apprendre l'anglais à l'école. Mais l'événement marquant de son enfance fut la mort de son frère Gérard, de cinq ans son aîné, à neuf ans, de rhumatisme articulaire. A la veille de la guerre, sa scolarité terminée, il passe deux ans à New York (dont un à Columbia Uni-versity, où il échouera deux fois, comme étudiant et comme footballeur), puis deux autres dans la Marine (brièvement dans la Marine de guerre, qui le réforme pour instabilité de caractère, plus longuement dans la marine marchande). En 1944, il rencontre Allen Ginsberg et William Burroughs, et il commence à écrire, à la manière de Thomas Wolfe, un interminable roman lyrico-social intitulé La Ville et la cité [The Town and the City, 1950]. Mais bientôt interviennent les deux événements qui vont déterminer tout le cours de sa carrière littéraire : il fait la connaissance de Neal Cassady personnage au demeurant extraordinaire, presque incroyable, qui fait de l'instabilité une règle de vie et l'élève presque au rang de mythe et, sous son impulsion, il commence à voyager d'Est en Ouest. En 1947, par exemple, lors de sa toute première traversée des Etats-Unis en auto-stop (c'est d'ailleurs la seule qu'il fera de cette manière), il écrit extatiquement, alors qu'il se trouve à Des Moines, Iowa : « Me voici à mi-chemin de l'Amérique, entre l'Est de mon enfance et l'Ouest de mon avenir. » Dès lors, il sera constamment en train d'écrire un journal, d'une part, et de l'autre, d'innombrables versions d'une ou même de plusieurs oeuvres en cours. Ainsi, Sur la route [On the Road], le livre qui devait le rendre célèbre et qui est à juste titre considéré comme son meilleur, ne sera publié qu'en 1957. En 1951-52, à New York et à San Francisco, il écrit Visions de Cody [Visions of Cody, 1959], oeuvre encore entièrement centrée sur son ami Neal, et, en 1952, Doctor Sax (publié en 1963), à Mexico. Alors il devient extrêmement difficile (sauf à lire l'excellente biographie d'Ann Charters, traduite par Monique Poublan) de le suivre dans tous ses déplacements, puisque, comme chez Cassady, mais moins superbement, le trait fondamental d'un caractère (l'instabilité) devient une règle de vie : vivre, c'est voyager et inversement. Mais Kerouac, lui, écrit (non d'ailleurs sans difficultés de toutes sortes, ni sans recours quasi constant à toutes sortes de drogues, de l'alcool à la benzédrine des inhalateurs), et son écriture est désormais indissociable de l'errance, quoiqu'un attachement infini à sa mère Memêre ») ainsi qu'un perpétuel besoin d'argent le ramènent périodiquement à elle. Ainsi, il écrit Visions of Gerard (1963) en Caroline du Nord, chez sa soeur Caroline (« Nin ») où sa mère vivait aussi depuis peu, en 1956; Les Clochards célestes [The Dharma Bums, 1958] en Floride en 1957; Les Anges de la désolation [Desolation Angels, 1965] à Mexico en 1956 et derechef en 1961; Big Sur (1962) en Floride en octobre de la même année; Satori à Plans [Satori in Paris, 1966] de nouveau en Floride et en 1965, etc. En 1966, il épouse une troisième femme (ses deux premiers mariages avaient duré moins de six mois), Stella Stampas, soeur d'un ami d'enfance, et il revient à Lowell, où il écrit La Vanité de Duluoz [1968]. A la fin de 1968, il paye un ami pour le conduire, toujours avec sa femme et sa mère, désormais paralysée, en Floride, à Saint Petersburg, où il meurt d'une hémorragie abdominale à peine un an plus tard, à 47 ans. Thomas Wolfe se heurtait comme un géant maladroit au monde des intellectuels, qu'il voulait pathétiquement convaincre et conquérir; Kerouac, lui, se répand parmi ses « frères » (de route ou de beuverie) dans un espace américain qu'il rend (et c'est là son grand accomplissement) à la tradition des poètes-bardes, tels Whitman et Vachel Lindsay, et où il retrouve effectivement certains de leurs descendants : outre Ginsberg et Burroughs, Ferlinghetti, Corso, Creeley, Jarrell et Rexroth, mais aussi Michael McClure et Gary Snyder : il est incontestable que parmi eux se trouvaient certains des meilleurs poètes américains contemporains. Il n'en reste pas moins qu'en dehors de Sur la route, de quelques poèmes de Mexico City Blues (1959) et de Rimbaud (I960), et de quelques pages éparses çà et là dans les autres livres, l'oeuvre de Kerouac est moins un monument littéraire qu'une sorte de cathédrale naïve, maladroite et on ne peut plus baroque élevée à la gloire de la génération des années cinquante : ne 1 'a-t-on pas nommé, presque élu, « Pape des Beat-niks » ?
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- Jack Kerouac1922-1969Auteur américain, de son vrai nom Jean-Louis Lebris de Kerouac, dont l'écriture spontanéedonna naissance à la " littérature de l'instant ", expression du vent de liberté qui souffla surl'Amérique de la " beat generation ".
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- Que pensez vous de cette fameuse phrase de Jean Louis Barrault: Le théâtre: le seul sérum trouvé par les hommes pour combattre l'angoisse.
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