Kekkonen, Urho Kaleva (Pielavesi 1900-Helsinki 1986) ; président de la République finlandaise [1956-1981].

Kekkonen, Urho Kaleva (Pielavesi 1900-Helsinki 1986) ; président de la République finlandaise [1956-1981]. K. est surtout célèbre pour avoir mis en place des relations confiantes entre la Finlande et l'Union soviétique, qu'on a voulu réduire au concept polémique de « finlandisation ». Rien pourtant au départ ne laisse supposer une telle évolution. Né à Pielavesi (Finlande centrale), dans une famille de la petite paysannerie, cet étudiant brillant, champion de Finlande de saut en hauteur en 1924, est en effet dans les années 1920 un partisan de la « Grande Finlande » et un anticommuniste actif qui a sans doute des liens avec la police secrète. Carélien par mariage, il milite dans l'ultra-nationaliste AKS. Devenu plus modéré, il adhère en 1932 à la Ligue agrarienne. Ses titres universitaires (docteur en droit) et sa qualité de président de la Ligue sportive de Finlande lui permettent d'accéder aux organes dirigeants de ce parti. Elu député en 1936, il entre dans le cabinet Kallio comme ministre de la Justice, avant de devenir ministre de l'intérieur de Cajander. C'est alors qu'il se taille une réputation de républicain intransigeant en faisant interdire le parti fascisant IKL. En 1939-1940, il semble opérer un retour vers le nationalisme en justifiant la politique de réarmement et en dénonçant l'abandon de la Carélie. Mais, convaincu dès 1942 de la défaite inéluctable des nazis, il se montre favorable à la paix avec l'URSS. Cette attitude lui vaut de revenir au gouvernement en 1944 et de participer à l'épuration des jusqu'au-boutistes. Membre de Finlande-URSS, il prône un rapprochement mutuel entre les deux États. Les démocrates populaires l'empêchent toutefois de devenir Premier ministre en 1946 par crainte de son passé. Il se console avec le poste clé de directeur de la Banque de Finlande. Candidat malheureux à l'élection présidentielle de 1950, il est néanmoins cinq fois Premier ministre dans les années suivantes. Brouillé avec les sociaux-démocrates, il ne doit son élection comme président de la République en 1956 qu'à l'appui des démocrates populaires, rassurés sur ses intentions. Il incarne alors pour vingt-cinq ans un relatif consensus national. S'il se heurte encore en 1962 à l'opposition de la droite et du SDP, il est réélu avec des majorités écrasantes en 1968 et 1978, le Parlement ayant prorogé son mandat en 1972 par une loi d'exception. Sur le plan intérieur, il est dur à l'encontre de ses adversaires. Mais en politique extérieure, il se montre réaliste et habile avec les Soviétiques, surtout lors de la crise de 1961. Il pratique une neutralité active qui culmine en 1975 avec l'organisation de la CSCE à Helsinki. Il voyage beaucoup à l'étranger et tente de faire progresser la dénucléarisation et l'aide au tiers-monde. Son savoir-faire lui vaut le respect d'une grande majorité de ses compatriotes et de la communauté internationale. Mais gravement atteint par la maladie, il doit quitter le pouvoir en 1981 et meurt en 1986 moins populaire qu'il ne l'a été.