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KAZINCZY Ferencz. Écrivain hongrois

KAZINCZY Ferencz. Écrivain hongrois. Né à Érsemlyén (province de Bihar) le 27 octobre 1759, mort à Széphalom le 23 août 1831. Il fit ses études de droit, devint fonctionnaire, puis inspecteur des écoles. Élevé dans un milieu « éclairé », il se fit très jeune franc-maçon, et dès son premier roman montra qu'il était disciple de Voltaire et de Rousseau. Son but était le réveil de la vie littéraire hongroise, tenté dans sa revue Magyar Muséum par des traductions de Gessner et de Shakespeare — Hamlet — et par son propre Orpheus. Compromis dans un complot révolutionnaire, il fit sept ans de prison (1794-1801). A sa libération, il se remit au travail, mais les obstacles opposés par les Autrichiens à la vie intellectuelle du pays le condamnèrent à s'occuper uniquement de la langue hongroise, dont il se plut à enrichir le vocabulaire et à augmenter la souplesse, prêchant une profonde réforme linguistique qui mit bientôt aux prises partisans de l'orthologie et de la néologie. Le poète disparaît derrière le réformateur, dont les luttes sont contées dans Souvenirs de ma carrière, mais sa correspondance (Lettres de Transylvanie), qui comprend vingt-quatre volumes, montre à quel point il « dirigea » littérairement son pays : il n'en mourut pas moins pauvre. KEATS John. Poète anglais. Né à Londres le 29 ou le 31 octobre 1795, mort à Rome le 23 février 1821. Fils d'un palefrenier devenu loueur de chevaux. En sa vie très brève tient une somme impressionnante d'expériences et de progrès spirituels. A l'école il ne montra guère les signes de ses intérêts ultérieurs, la majeure partie de son temps étant employée à des jeux et autres activités du même genre; mais subitement il abandonna celles-ci, et se plongea dans des lectures passionnées. A quinze ans il fut mis en apprentissage auprès d'un chirurgien, et un ans plus tard il fut nommé externe au « Guy's Hospital». Tout son temps de liberté, néanmoins, il le consacrait à la littérature; son esprit était, en particulier, vivement ému par La Reine des fées de Spenser, et par la traduction que Chapman avait faite d'Homère — oeuvre qui lui inspira l'un de ses sonnets les plus célèbres. Ce fut à cette époque qu'il commença d'écrire ses propres premiers poèmes, et réussit à s'entourer d'un certain nombre d'amitiés littéraires et artistiques — notamment celles de Charles Cowden Clark, qui avait été son condisciple, de Leigh Hunt, qui publia quelques-uns de ses vers dans l'Examiner, de Shelley, qui sembla avoir tout de suite reconnu son talent, et du peintre Haydon. Ses premiers vers ne montrent guère sa vraie grandeur; ils sont gâtés par des fautes de goût et par des crudités d'expression; et ce fut contre l'avis d'une partie de ses amis qu'il publia ses Poèmes [Poems] en 1817. Dès cette époque, il avait décidé de faire de la littérature l'occupation de sa vie; il abandonna la carrière médicale, et se mit à écrire son long poème Endymion, qui fut publié en 1818, et salué par des comptes rendus cinglants et brutaux dans l'important Blackwood's Magazine et dans la Quarterly Review, certes le poème montrait de quoi justifier les attaques, et ne possédait pas la triomphante maîtrise dont il n'allait pas tarder à faire preuve, mais les critiques manifestèrent leur regrettable inaptitude à reconnaître les promesses, et ils s'abaissèrent jusqu'à d'impardonnables remarques personnelles. Il est certain que leur effet sur Keats, dont la force physique était déjà minée par la maladie, fut nuisible à sa santé; néanmoins c'est à partir de cette époque que l'on constate le mûrissement véritablement extraordinaire, presque miraculeux, de son talent. Il souffrait du mal qui devait l'emporter à peine une année ou deux plus tard ; il était profondément affecté par les critiques de son Endymion; il était troublé par une malheureuse histoire d'amour avec Fanny Browne — et cependant, dans le développement de son âme et de son esprit, il semblait possédé d'une force nouvelle. Il n'est presque aucun poète qui se soit aussi rapidement accru en importance, et qui ait produit un aussi magnifique bouquet de poèmes que ceux qui, écrits durant une période de moins de deux ans (1818-191 furent publiés en 1820, comme Lamia, Isabelle, La Veille de la Sainte-Agnès, etc. Les fautes, les crudités de ses premiers écrits ont maintenant totalement disparu; il y a de l'assurance dans ses vers, et, par-dessus tout, une constante chaleur d'inspiration. Le volume de 1820 demeurera toujours l'un des grands événements de la littérature anglaise. Et ce ne fut pas tout : bien que Keats n'ait jamais publié aucun volume de prose critique, les lettres qu'il écrivit à son frere durant ces quelques mois montrent une pénétration critique et philosophique vraiment remarquable. De Spencer et Chapman il était passé a une étude approfondie de Shakespeare, et ses commentaires sur les oeuvres de ce poète et sur le travail de la conscience poétique révèlent le génie de Keats presque autant que le font ses propres poèmes. Malgré les si rudes attaques contre Endy-mion, Keats ne fut en aucune façon privé d'honneurs de son vivant. Ses compagnons et ses amis ne doutaient nullement de son exceptionnel talent. Shelley l'accueillit en égal, et l'annonce de sa mort lui inspira sa complainte élégiaque intitulée Adonaïs. Leigh Hunt reconnut en Keats des qualités de grandeur authentique et l'encouragea vivement. Haydon, le considérant avec une perspicacité de peintre, parla de son « oeil dont le regard, absolument divin, était dirigé vers le dedans comme celui d'une prêtresse de Delphes contemplant des visions intérieures ». Et jamais un instant depuis cette époque la gloire de Keats n'a souffert d'aucune des révolutions du goût. Son influence sur les poètes qui l'ont suivi a été constante, et, tandis qu'ont varié les opinions concernant la valeur de Shelley, à l'égard de la position de Keats dans la hiérarchie des poetes anglais il s'est toujours établi, et il demeure, un parfait accord. ? « Je ne puis m'empêcher de penser que le défaut des poésies de M. Keats était l'absence d 'me énergie virile. Il avait la beauté, la douceur, la délicatesse à un rare degré; mais il manquait de force et de substance. » Hazlitt. ? «Plus de Keats, s'il vous plaît. Écorchez-le-moi tout vif, ou je me chargerai, moi, de lui ôter la peau. Je ne peux supporter l'idiotisme et le rabâchage de ce petit singe... » Lord Byron. ? « Un rival qui me dépassera de beaucoup... » Shelley. ? « Keats est une misérable créature, affamé de douceurs qu'il ne peut obtenir... une sensibilité évanescente, dégénérée... » Carlyle. ? « Milton et Keats, les deux poètes surhommes. » Robert Browning. ? « Quel mal il a fait à la poésie anglaise ! De même que Browning, avec des dons modérés, aspire à la plénitude et n'obtient qu'une confuse impression de multitude, Keats, avec des dons très élevés, est lui aussi consumé par son propre désir et ne parvient pas à produire la vraie puissance, la vie véritable que sa conscience continue à lui inspirer... » Matthew Arnold. ? « C'est chez Keats qu'on constate la renaissance littéraire de l'Angleterre. Byron était un révolté et Shelley un rêveur; mais dans le calme et la clarté de sa vision, avec sa maîtrise de soi, son sens inné de la beauté et son expérience du monde séparé de l'imagination, Keats était l'artiste pur et serein, le pionnier de l'école préraphaélite... un prêtre de la Beauté. » Oscar Wilde. ? « Transcendant le débat confus entre le classicisme et le romantisme, refusant de se poser en champion de doctrines morales ou politiques, John Keats osa proclamer que la Poésie, quels que soient ses liens avec l'intellect, la sensibilité et la sensualité, possède une existence autonome; il affirme qu 'en révélant la Beauté, le poète pourra, sans se confondre avec eux, dévoiler une vérité aussi importante que celle des mystiques et des philosophes. » René Lalou.

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