Karolyi de Nagykaroly, Mihaly, comte (Budapest 1875-Vence, France, 1955); homme politique hongrois.

Karolyi de Nagykaroly, Mihaly, comte (Budapest 1875-Vence, France, 1955); homme politique hongrois. K. appartient à l'une des plus riches familles de Hongrie. Au début de sa carrière politique, il se range aux côtés du conservateur Tisza, mais il passe très vite dans l'opposition et devient finalement républicain. En 1909, il est président de l'OMGE (Association agricole hongroise) et en 1913 leader du parti indépendantiste. Il attaque alors Tisza, se prononce pour des réformes électorale et agraire, prend position contre la Triplice et propose au contraire un rapprochement avec la France et la Russie. L'opposition nationale (Apponyi, Andrassy) cherche à maintenir la stabilité parlementaire depuis le début des hostilités. C'est seulement au cours de la guerre que K. gagne du terrain. Il répand l'idée que pas plus la Hongrie que la monarchie n'ont intérêt à faire la guerre et que celle-ci n'a été rendue possible que par l'absence du suffrage universel. Il livre une lutte implacable à Tisza et réclame la paix et un nouveau système électoral. En 1916, K. se brouille avec son parti qui s'est décidé à soutenir le gouvernement pour la durée des hostilités. Il s'associe alors aux socialistes et aux radicaux (un parti bourgeois de centre gauche) et défend le point de vue que le seul but de la guerre consiste à lutter pour une Hongrie démocratique. Après la chute de Tisza (1917), à l'époque des «gouvernements de courte durée », l'agitation de K. en faveur d'un programme pacifiste et socialiste prend de plus en plus d'importance. Le 23 octobre 1918, K. et ses amis fondent le « Conseil national » qui déclenche finalement le 30 octobre la révolution, depuis longtemps annoncée. Dans la capitale, l'ordre sombre ; Tisza est assassiné. K. est nommé Premier ministre et forme un cabinet composé de ministres socialistes et centristes. Quelques jours plus tard est proclamée la République populaire. Le cessez-le-feu fixe la ligne de démarcation à l'ancienne frontière impériale. Le gouvernement K. laisse cependant avancer de tous côtés les troupes de la Petite-Entente. En janvier 1919, K. est élu président de la République, et en mars, renversé par Bêla Kun, il remet le pouvoir aux Conseils. En 1919, il s'exile. En 1945, le gouvernement hongrois le nomme ambassadeur à Paris. En 1949, la France lui accorde l'asile politique ; il y meurt en 1955. L'inaptitude politique de K. fraie le chemin à la dictature de Bela Kun et place la Hongrie dans une situation difficile lors de la conférence de la Paix.