Karlstadt, Andreas Bodenstein, dit (Karlstadt-sur-le-Main v. 1480-Bâle 1541); théologien et réformateur allemand.

Karlstadt, Andreas Bodenstein, dit (Karlstadt-sur-le-Main v. 1480-Bâle 1541); théologien et réformateur allemand. K. étudie à Erfurt et à Cologne (1499-1504), et arrive en 1505 à Wittenberg où il devient docteur en théologie. Ses relations avec Luther, qu'il fait accéder en 1512 au grade de docteur, ne sont d'abord pas bonnes, mais celui-ci le pousse à étudier à fond l'oeuvre de saint Augustin et le gagne à sa cause, en sorte que tous deux polémiquent ensemble contre Eck à Leipzig en 1519. Il existe toutefois entre Luther et K. une opposition qui repose sur la manière différente dont ceux-ci envisagent les rapports qu'entretiennent entre eux la Loi, l'Evangile et la Grâce. Cette opposition éclate pendant le séjour de Luther à la Wartburg, alors que K. croit agir dans le sens de Luther (première messe publique en allemand, abolition des images conduisant à des manifestations d'iconoclasme...). De retour à Wittenberg, celui-ci le contraint à se cantonner dans les limites de son activité pédagogique. K. se consacre désormais à la contemplation et devient en Allemagne, à côté de Thomas Münzer, le premier représentant du subjectivisme mystique qui va dégénérer dans l'anabaptisme. K. renonce à son titre de docteur, s'adonne - suivi par de nombreux étudiants - à des travaux manuels, devient ensuite pasteur d'Orla-münde où il rencontre un grand succès en tant que prédicateur. Il introduit des changements à l'intérieur de la communauté (réforme du service religieux, introduction de chants en allemand, suppression des images et des orgues, du baptême des enfants), mais se démarque d'une manière tout à fait nette par rapport à l'attitude de Münzer dans le domaine social et politique. Après de violentes controverses littéraires qui l'opposent à Luther, il doit quitter le pays où on le considère comme un fauteur de troubles. Il mène d'abord une vie errante de réfugié (séjournant successivement à Rothenburg, en Frise orientale, à Zurich), puis trouve un asile à Bâle en 1534 où il exerce les fonctions de prédicateur et de professeur. Il y meurt de la peste en 1541.