Kant: Volonté

Volonté

• Faculté de se déterminer à agir selon la représentation de certaines lois, la volonté est dite hétéronome lorsqu’elle est déterminée par des mobiles sensibles et autonome lorsqu’elle est déterminée par la loi morale. L’autonomie de la volonté est le principe de toutes lois morales et de tous les devoirs. •• La raison pratique est la faculté capable de légiférer dans la faculté de désirer, de sorte que celle-ci, accédant à sa forme supérieure, trouve sa détermination en elle-même et soit une volonté autonome. La bonne volonté est la volonté apte à se donner elle-même la loi de son agir indépendamment de tout mobile sensible, ne voulant rien d’autre que la'forme pure de sa propre législation. Pour un être raisonnable fini la volonté peut être pure, c’est-à-dire libre, indépendante des mobiles sensibles, mais non sainte, car un tel être est pathologiquement affecté, c’est-à-dire soumis à des penchants sensibles. C’est ce qui explique le conflit entre la moralité et le bonheur dans l’antinomie de la raison pratique, l’accomplissement du devoir n’étant pas forcément agréable pour un être doté d’un caractère empirique et soumis à des inclinations sensibles. ••• Il apparaît ainsi que le désir d’être heureux n’est plus le seul désir de l’homme, ni son désir le plus profond, même si le bonheur est une aspiration légitime, et si c’est même un devoir que d’y travailler en tant qu’il peut favoriser la moralité. On assiste ainsi à un affranchissement de la volonté à l’égard du désir, où il s’agit « d’apprendre à désirer ou à vouloir autrement ». Ce qui compte n’est plus en effet l’objet du vouloir, mais la manière dont nous voulons. Kant nous permet de distinguer entre une manière et une matière de la volonté : ne me dis pas ce que tu veux, mais dis-moi plutôt comment tu le veux, quel est ton style de volonté. Tant que la volonté est déterminée à désirer par la représentation de l’objet du désir, elle reste dépendante de la représentation de cet objet. En revanche, le formalisme de la volonté fait que la volonté déterminée par la seule forme de la loi ne veut rien d’autre qu’elle-même et son éternel retour, devenant par là volonté de volonté. C’est avec raison que H. Birault peut souligner tout ce qui chez Kant fait déjà signe vers Nietzsche : la vie n’a dès lors pas d’autre valeur que celle que l’homme lui donne et le devoir est cette grande santé de la volonté au sens où valere signifie autant valoir que se bien porter, avoir la santé {valetudo).