Kant: Transcendantal

Transcendantal

• Qualifie une connaissance qui concerne non des objets, mais nos concepts a priori des objets, notre manière de connaître les objets en tant qu’elle est possible a priori. Le transcendantal désigne un usage a priori de la connaissance, expliquant comment est possible une nécessaire soumission des objets à des concepts purs ainsi qu’une application de ces concepts aux objets. •• Le champ du transcendantal recoupe celui des conditions de possibilités. L’esthétique transcendantale est la science des formes pures de la sensibilité, de l’espace et du temps en tant que conditions a priori sous laquelle nous intuitionnons les phénomènes. À la simple logique formelle concernant la validité formelle des énoncés s’ajoute une logique transcendantale, qui ne fait pas abstraction du contenu de la connaissance mais traite du rapport a priori à des objets, déterminant l’origine, l’étendue et la valeur objective des connaissances a priori. Cette logique se subdivise en analytique transcendantale et en dialectique transcendantale. Si la première traite des concepts et des principes de l’entendement pur, décomposant ainsi en ses éléments et règles d’application l’ensemble de notre connaissance a priori, la seconde traite de l’apparence transcendantale résultant d’un usage illégitime des concepts de l’entendement et des principes de leur usage. Seul un usage empirique de ces concepts est donc légitime, alors que tout usage transcendantal, allant au-delà des limites de l’expérience possible, est à proscrire. Transcendantal qualifie alors un certain usage non empirique des concepts purs et devient synonyme de transcendant. C’est pourquoi Kant distingue entre des principes immanents, dont l’application se tient dans les limites de l’expérience, et des principes transcendants, qui dépassent ces limites. ••• Kant appelle sa philosophie idéalisme transcendantal, dans la mesure où elle affirme que nous ne connaissons que des phénomènes, tels qu’ils sont donnés selon les conditions de notre subjectivité finie assignée aux formes de la spatiotemporalité, et non les choses en soi. Cet idéalisme est un réalisme empirique, car il ne remet pas en cause la réalité du monde extérieur et l’existence de la matière à la manière de Descartes et de Berkeley, et ne dégénère pas non plus en un phénoménisme ruinant les fondements de l’objectivité à la manière de Hume. L’idéalisme transcendantal vaut donc non seulement comme une réfutation de l’empirisme, mais aussi comme une réfutation de l’idéalisme, toute perception du moi nous renvoyant à celle d’un phénomène spatial, qui renvoie à son tour à la chose en soi. Si l’on entend par transcendant ce qui est au-delà de l’expérience, le transcendantal, bien qu’il ne dérive pas de l’expérience et soit a priori, n’a de sens que s’il est référé à l’expérience, désignant cette transcendance horizontale qui constitue l’objectivité de l’objet. S’adressant à Hamann et refusant tout usage transcendant des principes de la connaissance, Kant lui dit qu’il n’est qu’un « pauvre fils de la terre ». On peut dire que le transcendantal désigne l’immanence de la transcendance à la terre, Kant découvrant avant Nietzsche ce que Zarathoustra enseignera comme le « sens de la terre ».