Kant: Souverain Bien

Souverain Bien

• Union du bonheur, qui en tant qu’idéal de l’imagination empirique vise la satisfaction des penchants sensibles, et de la vertu, qui est ce qui rend digne d’être heureux. •• Le bonheur et la vertu sont deux éléments distincts, dont l’union ne peut être produite analytiquement mais synthétiquement. L’antinomie de la raison pratique affirme, d’une part, que la recherche du bonheur produit un principe d’intention vertueuse et, d’autre part, que l’intention vertueuse produit le bonheur. Si la première assertion est fausse, du fait que le bonheur n’a rien à voir avec la vertu, la seconde n’est fausse que si l’on admet l’existence dans le monde sensible comme le seul mode d’existence de l’être raisonnable. On peut donc admettre une liaison du bonheur et de la vertu au niveau supra-sensible. Comme toujours chez Kant, la résolution d’une antinomie repose sur la distinction du phénomène et de la chose en soi. Il en résulte un primat de la raison pratique sur la raison spéculative, la moralité étant cette effectuation du supra-sensible dans le sensible, qui autorise à postuler selon une foi rationnelle qu’il est une âme immortelle garantissant un progrès pratique indéfini et un Dieu comme cause suprême de la nature, dont la causalité est également conforme à l’intention morale. ••• Kant rompt avec la conception qui faisait de la morale la recherche du bonheur. On ne saurait fonder la morale sur le bonheur, car il n’y a pas de loi universelle et nécessaire de ce dernier. On doit donc fonder la morale sur une loi de la raison. Ainsi s’accomplit la révolution copernicienne dans le domaine moral : ce n’est plus la loi qui dérive du bien, mais le bien qui se règle sur la loi. Dès lors, se soumettre à la loi de la raison c’est agir librement, dans la mesure où il s’agit d’une loi que l’être raisonnable se donne à lui-même sans dépendre d’aucun mobile extérieur ou d’aucun penchant sensible. L’accomplissement du devoir est ainsi l’épreuve de la liberté.