Kant: Sens commun

Sens commun

• Caractérise la faculté de juger réfléchissante qui tient compte du mode de représentation de tout autre homme, de sorte que son jugement soit attaché à la raison universelle. Le sens commun n’est pas une faculté particulière, mais le principe d’un rapport des facultés. •• Les maximes du sens commun sont celle de la pensée sans préjugés (penser par soi-même), celle de la pensée élargie (penser en se mettant à la place de tout autre), celle de la pensée conséquente (penser en accord avec soi-même). Si la première de ces maximes est celle de l’entendement et la deuxième celle de la faculté de juger, la troisième est celle de la raison. ••• On peut considérer que le jugement est un don naturel définissant le bon sens, au manque duquel aucun enseignement ne peut suppléer. Un tel manque s’appelle stupidité et consiste en l’incapacité d’appliquer des règles aux cas particuliers, même s’il n’exclut ni l’instruction ni l’érudition. Ainsi des médecins ou des hommes d’État connaissent-ils des règles générales, mais peuvent être incapables de les appliquer correctement. Si le bon sens est l’aptitude à réfléchir, le sens commun est un principe subjectif qui est la condition de la communicabilité et caractérise le résultat de l’accord a priori des facultés. Le sens commun logique exprime l’accord des facultés sous la législation de l’entendement. Le sens commun moral est l’accord de l’entendement avec la raison sous la législation de celle-ci, de sorte que la loi morale repose sur l’usage le plus commun de la raison et soit accessible à tous. Le sens commun esthétique est une harmonie subjective des facultés, de sorte qu’un principe subjectif détermine ce qui plaît ou déplaît par sentiment et non par concept, bien que de manière universellement valable.