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Kant: Rien

Rien

• Le concept le plus élevé de la philosophie transcendantale est celui d’un objet en général, fondant la division en possible et impossible. Un tel objet est transcendantal parce que transgénérique, précédant l’alternative du quelque chose et du rien et définissant la forme du pensable telle qu’elle s’oppose à l’impossible. Pour décider si un objet est quelque chose ou rien, on peut alors suivre l’ordre des catégories. •• Selon la quantité, le rien est l'ens rationis, le concept vide sans objet, tel les noumènes, c’est-à-dire de simples possibilités. Selon la qualité, le rien est le nihil privativum, l’objet vide d’un concept, c’est-à-dire ce concept du manque de l’objet appelé ailleurs grandeurs négatives. Selon la relation, le rien est l'ens imaginarium, l’intuition vide sans objet, c’est-à-dire l’espace et le temps comme simples conditions formelles de l’objet. Selon la modalité, le rien est le nihil negativum l’objet vide sans concept, c’est-à-dire le contradictoire, l’impossible pur et simple. ••• En faisant de l’espace et du temps des figures du néant, Kant veut dire que ces formes des objets ne sont pas elles-mêmes des objets. Elles font écho à ce que Heidegger nommera l’être de l’étant, qui n’est pas lui-même un étant. Kant retrouve ici la question que Leibniz considérait comme la question de fond de la philosophie : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ». Il ne s’agit plus de répondre à une telle question en recourant à Dieu et au principe du meilleur, mais de montrer en quoi la détermination de l’être comme objectivité de l’objet fait que le néant est requis pour penser l’être.

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