Kant: Régulateur
Régulateur
• Si les Idées de la raison ne permettent pas de constituer une connaissance du supra-sensible, si elles n’ont donc pas d’usage constitutif fournissant des concepts d’objets, elles ont cependant un usage régulateur, qui est de diriger l’entendement vers un but. •• Les Idées étant des concepts problématiques, elles fondent un usage hypothétique de la raison qui n’est pas constitutif, permettant de déduire la vérité de la règle générale prise comme hypothèse, mais régulateur, dans la mesure où il met de l’unité dans les connaissances et permet d’orienter la pensée. On peut dire alors que l’idée est un concept heuristique et non un concept ostensif: elle ne montre pas comment est constitué un objet, mais comment, sous sa direction, nous devons chercher l’enchaînement des objets de l’expérience. Les Idées de la raison ne sont donc pas des principes constitutifs de l’extension de notre connaissance au-delà de l’expérience, mais des principes régulateurs de l’unité systématique du divers de la connaissance empirique. ••• Faire de l’idée de Dieu un usage constitutif donne lieu à deux mésusages de la raison. Le premier est la raison paresseuse, qui fait que l’on considère l’investigation de la nature comme achevée et que l’on se croit dispensé de la recherche des causes physiques des phénomènes en faisant appel aux décrets insondables de la sagesse divine. Le second est la raison renversée, qui fait que, au lieu de considérer l’idée de l’unité systématique finale comme un principe régulateur, on en fait un fondement déterminé de manière anthropomorphique, de sorte que l’on impose à la nature des fins de manière autoritaire au lieu de s’en tenir à l’investigation physique. Le concept de fin n’est donc pas susceptible d’un usage constitutif, mais n’est qu’un concept régulateur pour la faculté de juger réfléchissante téléologique.
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