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KANT : PAS DE MORALE SANS INTENTION DROITE

KANT : PAS DE MORALE SANS INTENTION DROITE

Kant pose qu'une seule chose, dans le monde, peut être dite absolument bonne, sans restriction aucune : la bonne volonté. La valeur morale d'un acte ne dépend que de l'intention qu'elle réalise. Agir moralement, c'est agir par devoir.

« Etre bienfaisant, quand on le peut, est un devoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d’intérêt, elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d’elles et qu’elles peuvent jouir du contentement d’autrui en tant qu’il est leur oeuvre. Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n’a pas cependant de valeur morale véritable, qu’elle va de pair avec d’autres inclinations, avec l’ambition par exemple qui, lorsqu’elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l’intérêt public et le devoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non respect ; car il manque à la maxime la valeur morale, c’est-à-dire que ces actions soient faites, non par inclination, mais par devoir. Supposez donc que l’âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d’autrui, qu’il ait toujours encore le pouvoir de faire du bien à d’autres malheureux, mais qu’il ne soit pas touché de l’infortune des autres, étant trop absorbé par la science propre, et que, dans ces conditions, tandis qu’aucune inclination ne l’y pousse plus, il s’arrache néanmoins à cette insensibilité mortelle et qu’il agisse, sans que ce soit sous l’influence d’une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a une véritable valeur morale. »

KantMétaphysique des mœurs, Ie s.

ordre des idées

Un exemple : La conduite de bienfaisance, “objectivement morale”, peut être déterminée par deux intentions très différentes :

1) La bienfaisance comme action simplement conforme au devoir. Exemple : il existe des hommes qui éprouvent une réelle satisfaction intérieure lorsqu'ils font ainsi le bien. —Analyse morale de cette conduite : elle est à encourager etc., mais, à strictement parler, elle est encore sans valeur morale véritable et ne mérite pas notre respect. (En effet le bienfaiteur satisfait ici un égoïsme dont dépend sa bienfaisance.)

2) La bienfaisance comme conduite faite uniquement par devoir. — Une situation-limite : Kant imagine un homme qu'aucun égoïsme ne pousserait à faire le bien et qui, pourtant, le ferait, uniquement par respect du devoir. —Analyse morale de la situation : cet homme a une volonté bonne, son action a une vraie valeur morale. (Agir par devoir, c'est décider librement de faire l'acte dont la maxime, ou règle, peut être transformée en loi universelle, et seulement par respect pour cette loi rationnelle.)

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