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Kant: Objet

Objet

• L’objet a la double signification de phénomène et de chose en soi, dans la mesure où il peut être considéré soit en lui-même indépendamment de la manière de l’intuitionner, de sorte que sa nature demeure problématique, soit eu égard à la forme de son intuition, forme qui doit être cherchée non dans l’objet lui-même, mais dans le sujet auquel il apparaît, tout en appartenant au phénomène de cet objet. Les seuls objets de l’expérience qui est possible pour nous sont les phénomènes. •• On peut de manière générale appeler objet toute chose, voire toute représentation dont nous sommes conscients. Toutefois, la signification de ce terme par rapport aux phénomènes considérés non plus comme des objets, mais comme désignant un objet, exige une recherche approfondie. La notion d’objet implique l’idée de quelque chose qui est donné et qui se tient en vis-à-vis par rapport à un sujet. L’objet est un référent doté d’une signification qui doit être constituée par le sujet connaissant. Si l’objet est ce qui est donné, l’objectivité est ce qui est constitué, le problème étant d’établir comment des conditions subjectives de la pensée peuvent avoir une valeur objective. Le concept permet de penser l’objet et le jugement est la forme de l’objectivité, dans la mesure où il est la manière d’amener des connaissances données à l’unité objective de l’aperception : les catégories rendent donc l’objet pensable et lui confèrent la forme de l’objectivité. Le jugement synthétique sort ainsi du sujet pour aller vers l’objet, représentant, à la différence du jugement analytique, outre le concept de l’objet, l’objet lui-même : on sort du concept pour considérer quelque chose d’autre et d’extérieur. L’objet en général ou objet transcendantal n’est alors rien d’autre qu’un moment de la pensée constitutif de l’objectivité ou de l’objectité de l’objet, c’est-à-dire la forme de la transcendance horizontale de l’objet en tant que tel. L’objet est donc quelque chose de déterminé se présentant comme une unité et on peut dire que l’objet est « ce dont le concept réunit le divers d’une intuition donnée », cette réunion exigeant l’unité de la conscience comme ce qui constitue le rapport des représentations à un objet, c’est-à-dire aussi leur valeur objective. ••• Kant hérite de la tradition de la métaphysique scolaire post-suarézienne. À la suite de Goclenius et de Clauberg, Wolff conçoit l’ontologie comme la science de l’être ou de l’objet en général déterminé comme possibilité. Si dans ses cours de métaphysique Kant reprend la définition de l’ontologie comme science des propriétés générales de toutes choses, il conçoit cependant l’être comme objectivité de l’objet et substitue aux propriétés générales de la chose les structures de l’objet en général. L’objet qui peut être connu est celui qui est donné dans l’intuition empirique et dont l’objectivité doit être construite. Kant affirme alors que, au nom pompeux d’une ontologie prétendant donner des choses en général une connaissance synthétique a priori^ il faut substituer le nom plus modeste d’une analytique de l’entendement pur. Celle-ci est la décomposition de la connaissance a priori dans les éléments de la connaissance d’entendement. Il ne s’agit pas d’une analyse conceptuelle visant à établir des natures simples, mais d’une décomposition du pouvoir de l’entendement permettant d’explorer la possibilité de concepts a priori.

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