KANT : L'EXISTENCE EST ÉTRANGÈRE AU CONCEPT
KANT : L'EXISTENCE EST ÉTRANGÈRE AU CONCEPT
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Hume avait observé que « l'idée d'existence ne diffère en rien de l'idée d'un objet », c'est-à-dire que lorsque nous pensons qu'un objet existe ou n'existe pas, cela ne modifie en rien le concept que nous en avons : dans l'un ou l'autre cas nous n'ajoutons ni ne retranchons strictement rien à l'idée de cet objet, qui donc « ne s'accroît ni ne diminue ». Reprenant cette analyse, Kant en conclut que la preuve ontologique de l'existence de Dieu n'est pas valide.
« Quelles que soient la nature et l’étendue de notre concept d'un objet, il nous faut cependant sortir de ce concept pour attribuer à l'objet son existence. Pour les objets des sens, cela a lieu au moyen de leur enchaînement avec quelqu'unes de mes perceptions suivant des lois empiriques ; mais pour des objets de la pensée pure, il n'y a absolument aucun moyen de connaître leur existence, parce qu'elle devrait être connue entièrement a priori, alors que notre connaissance de toute existence (qu'elle vienne soit immédiatement de la perception, soit de raisonnements qui lient quelque chose à la perception) appartient entièrement et absolument à l'unité de l'expérience, et qui si une existence hors de ce champ ne peut pas, à la vérité, être absolument déclarée impossible, elle est pourtant une supposition que nous ne pouvons justifier par rien. Le concept d’un Etre suprême est une idée très utile à beaucoup d'égard ; mais par le fait même qu'il est simplement une idée, il est incapable d'accroître par lui seul notre connaissance par rapport à ce qui existe. »
Kant, Critique de la Raison pure, I, 2e div., 1. II, c. III, 4e s.
ordre des idées
1) Un premier fait : L'existence d'un objet n'est jamais comprise dans son concept (= concevoir une chose n'implique jamais qu'elle existe réellement).
2) Un second fait : Notre connaissance des existences n'est jamais a priori : elle provient soit de la perception des sens, de l’expérience immédiate, soit d'un raisonnement à partir de la perception. En d'autres termes, l'existence d'un objet n'est démontrée que si nous le percevons par les sens, ou que nous pouvons déduire son existence à partir de certaines perceptions.
3) Une conséquence : l'existence d'un objet non concret (donc échappant à toute perception des sens et ne pouvant lui être relié) d'un concept (par ex. Dieu, l'âme, etc) ne peut être démontrée.
4) Une application de cette conséquence :
a) L'existence de Dieu (l'Etre suprême) ne peut être démontrée ; b) L'idée de Dieu n'apporte donc rien à notre connaissance de « ce qui existe », c.-à-d. de notre expérience.
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