KANT : LE BONHEUR N'EST PAS LA FIN DE LA VIE
KANT : LE BONHEUR N'EST PAS LA FIN DE LA VIE
La morale d'Epicure, comme la plupart des morales de l'Antiquité, est un eudémonisme, c'est-à-dire qu'elle tient le bonheur pour le souverain Bien et la fin ultime de l'homme. Selon Kant, en revanche, on ne saurait fonder une morale sur le désir d'atteindre au bonheur (qui, idéal de l'imagination et non de la raison, ne saurait d'ailleurs être défini précisément), mais sur le seul devoir : on doit se rendre digne du bonheur, en subordonnant sa quête au respect des lois morales dictées par la raison.
« Le maître : Ce qui en toi tend au bonheur, c'est le penchant ; ce qui restreint ce penchant à la condition d'être préalablement digne de ce bonheur, c'est ta raison, et que tu puisses limiter et dominer ton penchant par ta raison, c'est là la liberté de ta volonté. Afin de savoir comment tu dois t'y prendre pour participer au bonheur et aussi pour ne pas t'en rendre indigne, c'est dans ta raison seulement que tu trouveras la règle et l'initiation ; ce qui signifie qu'il ne t'est pas nécessaire de dégager cette règle de ta conduite de l'expérience, ou de l'apprendre par l'enseignement des autres ; ta propre raison t'enseigne et t’ordonne exactement ce que tu as, à faire. Par exemple, si un cas survient en lequel tu peux te procurer à toi ou à un de tes amis un grand avantage grâce à un mensonge finement médité, qui même ne t'oblige pas à faire tort à qui que ce soit, que dit ta raison ? L'élève : Je ne dois pas mentir, si grand que puisse être l’avantage qui peut être le mien ou celui de mon ami. Mentir est avilissant et rend l'homme indigne d'être heureux. »
Kant
ordre des idées
1) Une analyse. En l'homme
a) le penchant aspire au bonheur (le bonheur étant la satisfaction complète de nos besoins et de nos désirs, qui relèvent de notre affectivité et de notre appartenance au monde sensible) ; b) la raison, limite, contient ce penchant (en nous faisant valoir que le bonheur n'est pas une fin par lui-même, mais que notre fin est d’être dignes du bonheur en faisant notre devoir, qui est notre véritable fin) ; c) la liberté, consiste dans la possibilité d'accepter ou refuser cette limitation du penchant.
2) Conclusion. La raison nous enseigne exactement et immédiatement comment nous rendre dignes du bonheur. En effet les lois morales, les impératifs catégoriques qui forment ce devoir dont l'accomplissement seul nous rend dignes du bonheur, nous sont dictés par la raison et elle seule, indépendamment de toute expérience. — Un exemple : Le mensonge. Nous n'avons pas besoin d'en avoir fait l'expérience pour savoir qu'en soi le mensonge est blâmable, avilissant, que donc notre devoir est de ne pas mentir.
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