Kant: Faculté

Faculté

• Pouvoir de l’esprit, une faculté est soit un certain rapport de la représentation à l’objet ou au sujet, soit une source spécifique de représentations. •• Au premier sens de ce terme on distinguera la faculté de connaître comme relation de la représentation à l’objet du point de vue de leur accord, la faculté de désirer comme faculté d’être par ses représentations cause de la réalité des objets de ces représentations, et le sentiment de plaisir et de peine comme affection de la représentation sur le sujet. Une faculté est susceptible d’une forme supérieure et est autonome, lorsqu’elle trouve en elle-même le principe de son exercice : elle est dite législatrice. Au second sens, il y a autant de facultés que de représentations : la sensibilité donne des intuitions, l’entendement produit des concepts, la raison des Idées. ••• On peut en suivant G. Deleuze comprendre la philosophie critique comme une théorie des facultés. Étant donnée une faculté au premier sens du terme, il faut trouver quelle est la faculté au second sens qui lui confère sa forme supérieure. Ainsi est-ce l’entendement qui légifère pour l’intérêt spéculatif de la faculté de connaître supérieure et la raison pour l’intérêt pratique de la faculté de désirer supérieure, le fait qu’une faculté légifère n’excluant pas les autres facultés mais leur conférant à chaque fois un rôle déterminé. En ce qui concerne le sentiment de plaisir et de peine il ne peut accéder à sa forme supérieure qu’en étant désintéressé : la sensibilité accède à sa forme supérieure lorsque le jugement légifère sur cette faculté, comme c’est le cas dans le jugement esthétique. Dès lors, les facultés n’entretiennent plus des rapports réglés ordonnés par une faculté dominante, mais jouent librement entre elles tout en s’harmonisant. Ce libre jeu harmonique est en fait la condition de tout rapport réglé des facultés.