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Kant: Domaine

Domaine

• Des concepts rapportés à des objets ont un champ déterminé par le rapport de leur objet à la faculté de connaître. Le terrain des concepts et de la faculté de connaître correspondante est la partie du champ où est possible une connaissance. Le domaine de ces concepts et facultés est la partie du terrain où ces concepts sont légiférants. •• Les concepts de l’expérience ont un terrain dans la nature, mais non un domaine et seulement une demeure car, bien que produits de façon légale, ils ne sont pas légiférants, les règles fondées sur eux étant empiriques et contingentes. Notre faculté de connaître a deux domaines, celui des concepts de la nature et celui des concepts de la liberté, étant légiférante a priori par ces deux types de concepts. Par rapport à la faculté de connaître la philosophie a donc deux domaines par où elle est légiférante a priori : celui de la nature et celui de la liberté. ••• La philosophie peut ainsi se diviser en philosophie théorique et pratique. Cependant, le terrain sur lequel elle aménage son domaine et légifère n’est que l’ensemble des objets de l’expérience possible. Alors que l’entendement légifère dans le domaine des concepts de la nature, la raison ne peut être légiférante que dans la pratique au moyen du concept de liberté, bien que l’existence de règles pratiques ne signifie pas pour autant que la raison soit légiférante, car de telles règles peuvent être simplement technico-pragmatiques. Le supra-sensible constitue pour notre faculté de connaître un champ illimité et inaccessible, dans lequel nous ne trouvons aucun terrain et qui n’offre aucun domaine pour la connaissance théorique. Il s’agit là d’un champ que nous devons occuper avec des Idées qui n’ont de réalité que pratique. Il existe donc un gouffre entre le domaine sensible des concepts de la nature et le domaine supra-sensible du concept de liberté et aucun passage n’est possible du premier au second. Toutefois, le concept de liberté devant réaliser dans le monde sensible la fin imposée par sa loi, il faut que la nature soit pensable de sorte que la légalité de sa forme s’accorde à la possibilité des fins à réaliser selon la loi de la liberté. En effet, s’il n’y a pas de passage du sensible au supra-sensible, celui-ci doit cependant pouvoir s’effectuer dans le sensible, dans le monde. C’est pourquoi le plus grave des contresens concernant la philosophie pratique consisterait à croire que la loi morale, du fait de sa formalité, serait irréalisable.

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