Kant: Discipline
Discipline
• La discipline est la contrainte, réprimant pour la détruire la tendance à nous écarter de certaines règles. Elle se distingue de la culture qui nous donne une aptitude et contribue à la formation d’un talent. •• Les dispositions naturelles ont besoin d’une discipline et c’est ce qui explique que l’objectif de l’éducation soit de transformer l’animalité en humanité. Sa fonction est purement négative, empêchant que l’homme soit détourné de sa destination, qui est celle de l’humanité, par ses penchants animaux. La partie positive de l’éducation s’appelle l’instruction. ••• La raison a également besoin d’une discipline dans son usage transcendantal où elle procède par concepts, de façon à réprimer sa tendance à aller au-delà de l’expérience. Il y a ainsi une discipline de la raison pure dans l’usage dogmatique, une discipline par rapport à son usage polémique ainsi qu’une discipline par rapport aux hypothèses et aux démonstrations. La première consiste à distinguer entre connaissance mathématique et connaissance philosophique, en se gardant de faire de la première le modèle de la seconde et en montrant qu’il n’y a pas de dogmes, c’est-à-dire de propositions synthétiques par concepts, dans l’usage spéculatif de la raison pure, et qu’aucune méthode dogmatique ne saurait lui convenir. La deuxième entend par usage polémique de la raison pure la défense de ses propositions contre les négations dogmatiques. Il s’agit d’élucider le sens de l’antithétique de la raison pure qui fait que la raison entre en contradiction avec elle-même. Loin d’en conclure à une défaite de la raison, la conscience de soi de la raison et de son ignorance prépare par une saine critique du dogmatisme, vis-à-vis duquel le scepticisme a une fonction polémique, l’établissement d’un savoir véritable. La troisième concerne l’usage des hypothèses : dans son usage spéculatif la raison n’a pas le droit de recourir à des hypothèses et de se servir de principes hyperphysiques pour suppléer au défaut de principes physiques d’explications. Les hypothèses ne sont jamais pour la raison que des armes de combat, ne fondant pas un droit, mais servant à le défendre. Enfin, par rapport aux démonstrations la raison ne tente aucune preuve sans connaître la source à laquelle elle en puise les principes, n’admettant qu’une seule preuve pour chaque énoncé et faisant en sorte que cette preuve soit ostensive, joignant à la conviction de la vérité la vue des sources de cette vérité.
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