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Kant: Art

Art

• L’art se distingue de la nature comme le faire de l’agir : les produits de la nature sont des effets, ceux de l’art sont des œuvres. Comme habileté humaine il se distingue de la science comme la faculté pratique se distingue la faculté théorique. Il se distingue enfin de l’artisanat car, au lieu d’être mercantile, il est libéral : il est un jeu, une activité agréable en soi, alors que le premier est un travail, une activité pénible attirante par ses seuls effets et qui peut être imposée par la contrainte. •• Il faut distinguer l’art mécanique, qui se contente de réaliser un objet en s’appuyant sur un savoir-faire, de l'art esthétique qui vise au sentiment de plaisir. Celui-ci est soit un art d'agrément, dont la finalité est simplement la jouissance, soit les beaux-arts où le plaisir accompagne les représentations en tant que mode de connaissance. Les beaux-arts sont les arts du génie. Celui-ci se distingue du cerveau, caractérisant le savant qui procède par démonstrations et dont le savoir peut s’enseigner, donnant lieu à des découvertes et des progrès. Le génie est la faculté de donner des règles à l’art : son talent, consistant à produire ce pour quoi il n’est pas de règles déterminées, ne peut s’apprendre. Don de la nature, il se caractérise par son originalité et par l’exemplarité de ses œuvres, et c’est en tant que nature que le génie donne des règles à l’art. ••• Le génie est la faculté des Idées esthétiques : si les Idées de la raison sont des concept sans intuitions, les Idées esthétiques sont des intuitions pour lesquelles aucun concept n’est adéquat, exprimant l’inexprimable de l’idée rationnelle dans la création d’une œuvre singulière. Kant ne considère plus ici le beau dans la perspective du jugement, mais dans celle de sa production. Subjectivité exceptionnelle inimitable et en attente de l’écho que lui renverra un autre génie, le génie produit une œuvre qui échappe à l’ordre du jugement et va même jusqu’à contester le goût. L’essence du génie est l’esprit (Geist) comme « principe vivifiant de l’âme (Gemüt) » qui embrase les facultés et rend l’imagination apte à produire des Idées esthétiques transcendant la pensée conceptuelle. L’imagination pure comme unité de la spontanéité et de la réceptivité est ainsi l’origine de l’œuvre d’art, dépassant l’objet de l’expérience commune et les limites de celle-ci pour créer une autre nature supra-sensible. Eveillant la pensée par excès d’intuition, l’imagination est d’autant plus créatrice qu’elle est accueil de l’étant et consentement au paraître, de sorte que le génie ne saurait expliquer comment il procède, car il montre dans l’art ce qu’il a de plus original comme lui appartenant le moins. Rejetant l’intellectualisme, Kant refuse aussi le subjectivisme : ne procédant pas par concepts, la subjectivité de l’artiste est exceptionnelle, et l’ont parle alors d’inspiration, précisément parce qu’elle n’est pas simplement subjective.

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