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KÂLIDÂSA

KÂLIDÂSA. Des juges aussi insignes que Vâgbhata, Anandavardhana, Abhinavagupta, Mallinâtha, Visvanatha et Jagannâtha Pandita ont salué Kâlidâsa comme le poète classique par excellence; mais toutes les données biographiques le concernant relèvent de la légende. On croit qu'il naquit à Mandasor, dans le district de Ûjjayinï; il aurait été l'un des « neufs joyaux » de la cour de Vikramâ-ditya. Une tradition cinghalaise le fait mourir en 522 à Ceylan, sous le règne de Kuma-radasa. Enfin, le Thibétain Târanâtha, dans son Histoire du bouddhisme, rapporte que Kâlidâsa, brahmane çivaïte, orphelin dès son plus jeune âge, aurait été recueilli par un bouvier et aurait grandi sans recevoir aucune instruction. Un jour, la princesse Vasanti, fille du roi Bhimasukla, décida de se choisir pour époux un homme connaissant toutes les sciences et tous les arts; le ministre Varatucchi, qu'elle avait évincé, lui présenta le fils du bouvier, déguisé pour la circonstance en médecin, mais gardant un mutisme absolu qui était censé marquer son mépris pour l'ignorance d'autrui. La supercherie ayant été découverte, la princesse lui conseilla de se vouer a la déesse Kâli (d'où le nom de Kâlidâsa : « esclave de Kâli »), pour implorer le don d'intelligence. Un peu plus tard, cette même princesse Vasanti le maudit et lui prédit qu'il mourrait de la main d'une femme; de fait, une courtisane le tua en lui volant un cadeau du roi Bhimasulda. Kâlidâsa, dans la littérature sanscrite, est sans rival non seulement pour le choix des sujets, mais aussi pour sa manière de peindre les situations amoureuses, pour la virtuosité de la forme, la profondeur et la délicatesse des sentiments, la chaleur et la variété des tons. Des nombreuses oeuvres qui lui sont attribuées, les sept principales, probablement authentiques, sont trois drames, L'Anneau de Çakuntalâ, Vikramorvaçi et Mâla-vikâ et Agnimitra; deux poèmes épiques, Raghuvamça et Kumârasambhava; le poème élégiaque Meghadüta et le poème descriptif Ritusamhâra. ? « L 'oeuvre de Kâlidâsa reflète l 'idéal pieux, chevaleresque, courtois de la société brahmanique vue à travers un tempérament poétique. Dans la peinture des passions elle atteste la délicatesse plutôt que la force. Entre l'art primitif et le baroque qui dominera peu à peu, c'est un point d'équilibre dont la valeur est unique. » Louis Renou.