JUSTICE
- JUSTICE (lat. justifia, conformité au droit; sentiment d'équité). Gén. Terme qui connaît maintes acceptions : il faut en effet d'abord distinguer la justice comme institution de fait (droit positif) de la justice en tant que conformité au droit naturel ou rationnel. La justice institution peut régir de façon injuste une société donnée : ce qui est légal n'est pas forcément légitime. Or, la justice peut encore se définir comme équité, c.à -d. non plus simplement comme conformité au droit, mais comme juste application de la règle générale au cas particulier : elle est alors la vertu même de celui qui juge.
Dr. L'institution judiciaire, composée des institutions publiques (tribunaux, …) et des individu dont la fonction sociale est d'appliquer le droit positif.
Mor. Si le droit positif peut être injuste, il faut distinguer légalité et légitimité. La justice se définit alors plutôt comme respectueuse et garante de la dignité humaine. moralité.
Phi. Aristote définit la justice comme cette vertu civique ou « disposition à accomplir des actions qui produisent et conservent le bonheur pour une communauté politique ». Or, la perfection de la justice est alors l'équité qui se soucie plus de l'esprit de la loi que de sa lettre. La vraie justice peut ainsi modifier la règle générale pour y substituer un décret. Elle est donc corrective en son essence. Voir: justice distributive.
- JUSTICE. n. f. 1° Principe moral qui exige que soit rendu à chacun ce qui lui est dû, qui impose le respect du droit et de l'équité entre les hommes.
2° Caractère de ce qui est juste, conforme à l'équité, exactement réparti, impartial. Il y a toujours une idée de « justesse » dans la «justice ».
3° Vertu qui consiste à pratiquer la justice, à «rendre» justice, à être équitable, à respecter autrui.
4° Pouvoir judiciaire, c'est-à-dire organisation des diverses juridictions chargées d'administrer la «justice» telle qu'elle est codifiée par la loi. Bien entendu, la «justice» comme pouvoir judiciaire n'est «juste» moralement que si la loi elle-même est équitable et que si les gens chargés de la faire respecter sont eux-mêmes moralement intègres. C'est pourquoi on rencontre fréquemment en littérature l'opposition entre la Justice (en soi) et le Droit (la loi imparfaite) : ce qui est considéré comme «juste» légalement (sens n° 4) ne l'est pas forcément aux sens 1°, 2°, 3°.
Étymologiquement, la justice est ce qui est conforme au droit ("justus" / "jus" en latin). Le mot a toutefois plusieurs significations selon qu'il désigne la justice comme institution, vertu ou idée conforme au droit naturel inhérent à chaque être humain. La justice comme institution renvoie au système judiciaire dans son ensemble : les lois, les magistrats, les organes d'application et de défense du droit positif. En tant que vertu, elle définit un idéal moral auquel notre devoir nous oblige à obéir. Enfin, dans une troisième acception, la justice est l'expression pratique du respect d'autrui, de son droit à la liberté et de la reconnaissance de son statut de personne.
Notons que ce que la justice décrète en tant qu'institution peut s'opposer à ce qu'elle prescrit comme vertu : tout ce qui est légal n'a pas nécessairement force de légitimité morale, loin s'en faut (le verdict d'un procès peut être injuste lors même qu'il a totalement respecté la légalité). On peut aussi distinguer avec Aristote la justice distributive de la justice corrective ou commutative. La cause de ces distinctions tient à ce qui fait l'objet d'un partage ou d'une répartition et à la prise en compte de la position sociale des individus. Ainsi, lorsqu'il s'agit des honneurs et des récompenses, c'est la justice distributive qui s'accomplit : à chacun selon son mérite. Ici, la répartition ne doit pas être égale mais équitable. Par exemple, le stratège a plus de mérite dans la victoire que le simple soldat et l'un et l'autre doivent donc être honorés à proportion de leur rôle respectif, comme de la valeur de leur charge (cet aspect de la justice relève au plus haut point du politique pour Aristote).
Pour ce qui maintenant des transactions et des échanges, le principe doit être celui de la rectitude d'une égalité arithmétique devant la loi, appliquée aux personnes et aux biens, abstraction faite du statut social. Par exemple, un objet doit être vendu au prix conforme à sa valeur, un châtiment ou la réparation d'un préjudice doit correspondre à la gravité de l'acte pour lequel la loi prévoit une même sanction (ici, peu importe que ce soit un homme de bien qui ait dépouillé un malhonnête ou l'inverse).
- Justice Principe moral qui pose le droit comme un idéal et en exige le respect et l'application.
- Justice immanente Justice qui existerait dans la nature, indépendamment des lois humaines.
- Justice La justice n'est pas forcément juste. Les lois sur lesquelles elle se fonde peuvent être iniques. Dans l'idéal , justice il y a dès lors que chacun est assuré que la loi - celle qui fonde l'unité sociale - sera en tous les cas justement appliquée et que celui qui la transgresse sera toujours puni.
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