JULIEN L'APOSTAT (Flavius Claudius Julianus)
JULIEN L'APOSTAT (Flavius Claudius Julianus). Empereur romain écrivant en grec. Né vers la fin de 331 à Constantinople, mort le 26 juin 363 près de Ctésiphon (actuellement en Irak). Neveu de Constantin le Grand, il échappa avec son frère Gallus aux massacres de septembre 337, qui firent de lui un orphelin. Le nouvel empereur d'Orient, Constance, lui assigna comme résidence Nicomédie (aujourd'hui Ismid, en Asie Mineure). Ce fut l'évêque local d'Eusèbe, qui assuma envers Julien le rôle de tuteur; un ancien lecteur de sa mère, le Scythe Mardonius, se chargea de sa première instruction, éveillant en Julien l'amour de la culture hellénique. Cet esclave lettré donna à son élève royal non seulement le goût des livres, mais encore l'habitude d'avoir recours aux ouvrages mêmes, sans se contenter, comme la plupart de ses contemporains, des notions puisées dans des anthologies. A la mort d'Eusèbe de Nicomédie, Julien dut quitter Mardonius et la ville de Nicomédie et s'installer à Macellum, bourg fortifié perdu au coeur de la sauvage Anatolie. Ses études y furent étroitement surveillées; il n'était plus question ni d'Homère ni d'Hésiode : il s'agissait avant tout de parfaire son instruction religieuse. Julien s'y mit avec l'ardeur qu'il déployait chaque fois qu'il s'agissait d'étudier quelque chose de nouveau. Si son intellect subissait l'attrait envoûtant de la sagesse traditionnelle, son âme ne restait pas insensible à la mystique chrétienne. Il se prêta aux rites de l'initiation chrétienne : exorcismes, baptême, communion, avec une docilité fervente, et cette empreinte sera si forte que même lorsqu'il entreprendra plus tard de régénérer le paganisme, il proposera toujours les chrétiens en exemple en ce qui a trait à l'ordonnance du culte, à la nécessité d'une vie en rapport avec la morale enseignée et aux pratiques qui s'y rapportent. Ce qui le frappera surtout dans le christianisme, c'est la place que l'on y accorde aux bonnes oeuvres, sans lesquelles la foi n'est qu'une foi morte. Lorsqu'à deviendra le « Pontifex maximus » du néo-paganisme, Julien écrira des mandements pour démontrer que tous les hommes sont frères, qu'ils doivent s'entraider, donnant à manger à ceux qui ont faim, habillant ceux qui sont nus, fussent-ils des ennemis ou des condamnés de droit commun. Julien ne recouvra la liberté que quelques années plus tard : il en profita immédiatement pour essayer de joindre les derniers philosophes néo-platoniciens, dont les écrits avaient laissé une trace indélébile dans sa mémoire. Jamblique était mort depuis près de vingt ans, mais, à force de voyages et de largesses, Julien apprit qu'il existait encore un théurge néo-platonicien et qu'il résidait à Éphèse. Il fit immédiatement le voyage; ayant retrouvé Maxime d'Éphèse et, par lui, un autre disciple de Jamblique, Chrisanthe, il devint leur disciple et l'adepte de cette sagesse antique qui, depuis le temps des théurges chaldéens, était censée être transmise oralement jusqu'à ces hiérophantes d'un platonisme rénové. Puis ce fut un voyage à travers la Grèce, ou plutôt un pèlerinage à travers les hauts lieux de la philosophie. Julien en retrace l'itinéraire dans son Panégyrique à Eusébie , l'impératrice grâce à laquelle ce voyage lui fut rendu possible. C'est encore grâce à cette dernière que Julien fut non seulement rappelé à Milan en octobre 355, mais encore proclamé César et gouverneur des Gaules. Et présent qui comblait plus le coeur de Julien que la pourpre Eusébie lui fit cadeau, avant son départ, de toute une bibliothèque des meilleurs auteurs classiques de l'époque. La conduite de Julien pendant les quatre années de combats qu'il passa en Gaule fut au-dessus de tout éloge. Non seulement il montra de réelles qualités de soldat, mais adepte convaincu d'une initiation qui, pour lui, n'était pas un vain mot, il pratiqua la continence et la pureté et fit preuve, dans ses rapports avec l'ennemi qu'il était obligé de combattre, d'une loyauté, d'un sens de la justice et d'une humanité extraordinaire pour l'époque, puisqu'il allait jusqu'à vêtir et nourrir ses ennemis vaincus. Proclamé Auguste par ses légions en 360, la mort de Constance, survenue l'année suivante, remettait entre ses mains tout l'empire romain. Fidèle à ses principes, à peine entré dans le palais royal, Julien en chassa les milliers de parasites qui, détenteurs d'innombrables sinécures, pillaient le pays. Il ne conserva qu'une maison réduite au strict nécessaire, ne gardant, par exemple, pour sa chancellerie personnelle que quatre secrétaires et dix-sept agents de liaison. Voulant revenir à la magistrature toute républicaine des Antonins, il rendit au Sénat ses anciens privilèges et soumit son propre avènement a la ratification de l'auguste assemblée. Après les réformes civiles vint l'ère des réformes religieuses. Si, aux fêtes de l'Êpiphanie de l'année 361, Julien paraît encore a l'église et y fait ses prières publiques; si, dans son Êpître à Thémistios écrite au début de l'année 361 v. Lettres l'empereur professe encore une neutralité bienveillante pour les doctrines les plus diverses à l'exception de celles des épicuriens , à la fin de cette même année il autorise la reprise des « cultes traditionnels qui avaient fait la grandeur de la Grèce et de l'Empire », et le 17 juin 362, promulgue une loi qui tend à retirer aux chrétiens l'autorisation d'enseigner dans les écoles publiques. Ayant vu les meilleures de ses intentions tournées en ridicule, Julien voulut répondre à ses détracteurs par une satire : c'est ainsi que vit le jour son Misopogon. Cette satire seule oeuvre de Julien qui présente une valeur littéraire n'ayant pas suffi à combattre le christianisme, déjà fortement implanté (surtout aux confins de l'Empire), le dernier empereur païen se lança dans la polémique. Lors de son séjour à Antioche, au début de l'année 363, il composa une série de traités d'une valeur inégale qui, reprenant les thèses philosophiques déjà esquissées dans son écrit antérieur : Sur la mère des dieux attaquaient la religion chrétienne d'une façon peu digne d'un véritable philosophe. Le plus connu de ces traités : Contre les Galïléens serait étant donné son peu d'intérêt depuis longtemps oublié sans la réfutation que lui opposa saint Cyrille d'Alexandrie dans son écrit connu en français sous le titre Pour la sainte religion des chrétiens. Ces traités de polémique religieuse furent les dernières oeuvres de Julien; parti, en mars 363, à la tête de ses troupes, en expédition contre les Perses, il fut mortellement blessé au combat et enterré, suivant son désir, à Tarse. Il n'avait régné que vingt mois. ? « Un prince qui pouvait d'un seul signe faire exterminer ses insolents détracteurs, et qui se contente de tirer raison d'un libelle par un pamphlet, est un exemple unique dans l'histoire des peuples et des rois. » Chateaubriand. ? « Ce qu il y a d 'intéressant chez Julien, c 'est qu 'il est à la fois un croyant exalté et un philosophe plein d humanité. Il a donné au monde ce spectacle unique d'un fanatique tolérant. » Anatole France. ? « Loin d'avoir passé à travers le christianisme sans y rien comprendre, Julien nota, avec une justesse de vue remarquable, ce qui constituait, de son temps, au service de la religion nouvelle, le plus efficace de ses moyens de pénétration : la charité. » Wilhelm Koch.
Julien dit « l'Apostat », Flavius Claudius Iulianus (Constantinople 331 - près de Tyane 363) ; empereur romain [360-363].
Ce neveu de Constantin Ier est, avec son demi-frère Gallus, le seul à avoir échappé au massacre (337) de sa famille : il s’agissait d’éliminer la branche cadette pour garantir la domination des fils de Constantin. Exilé en Cappadoce, dans le domaine impérial de Macellum, il y reçoit une éducation chrétienne et une très bonne connaissance des textes classiques païens que lui fait lire son précepteur Mardonios. Vers l’âge de vingt ans, il est païen de coeur mais doit dissimuler ses convictions : ainsi il se procure en secret les cours du rhéteur païen Libanius et prend contact avec Maxime d’Ephèse, un des chefs de file du néoplatonisme. Installé à Constantinople, puis à Athènes, J. suit l’enseignement des rhéteurs et des philosophes. Cet homme de pensée, passionné, enthousiaste, bon écrivain, négligé dans sa mise, barbu (comme les philosophes), est rappelé à Milan par Constance II, proclamé César (355) et marié à la soeur de l’empereur, Hélène (360). Il est alors chargé de protéger la frontière rhénane contre les Francs Saliens et les Alamans. La brillante victoire du jeune César contre les Alamans au nord de Strasbourg (357), des campagnes contre les Francs, ses travaux d’aménagement des fortifications en Gaule révèlent un chef de guerre insoupçonné. Lorsque Constance décide en 360 de lever des troupes en Gaule en renfort contre les Perses, J., alors cantonné à Paris, se voit, malgré ses réticences, proclamé empereur par ses soldats. Bien que J. ait cherché un compromis, Constance II refuse de le reconnaître : J. marche contre son rival qui meurt (oct. 361) en Cilicie. La guerre civile est évitée ; l’Empire échoit à J. (361) qui entre à Constantinople et fait décerner l’apothéose à son prédécesseur. Pendant les deux années de son gouvernement, il entreprend des réformes dans tous les domaines, s’efforce de moraliser l’administration, en renouvelle le personnel, diminue les charges des curies municipales et interdit l’enseignement aux chrétiens en nommant des maîtres païens sous le contrôle de l’Etat. Car c’est un prince païen qui gouverne l’Empire : autour de lui, puis autour de son souvenir, s’affirment les dernières résistances païennes. Sa tentative de restaurer le paganisme apparaît désespérée pour les historiens, mais elle apparut sérieuse aux chrétiens de l’époque et leur causa de vives inquiétudes. Adepte de théurgie et du syncrétisme solaire, invité aux mystères d’Eleusis, il commence par rendre aux païens leurs temples et leurs biens, leur permettant de nouveau de célébrer des sacrifices. De la même façon, il protège les Juifs. J. entend ainsi revenir à une liberté totale des cultes, mais rêve de créer une religion païenne dont l’organisation et la hiérarchie seraient calquées sur le modèle chrétien. S’il n’y eut pas de persécutions violentes, J. s’applique à éliminer les chrétiens de la vie publique (interdictions des fonctions administratives, militaires et de l’enseignement) et fait démolir des chapelles de martyrs construites près des temples païens. En 363, J. quitte Antioche pour combattre les Perses. Il avance avec succès jusqu’à la capitale sassanide Ctésiphon (près de Bagdad). Manquant de vivres, éprouvée par la chaleur de l’été et par le désert mésopotamien, l’armée romaine doit battre en retraite. Le 27 juin, au cours d’une escarmouche, J. est blessé mortellement. La tradition chrétienne lui fait prononcer la célèbre phrase : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Jovien, un officier pannonien, chrétien tolérant et modéré, lui succède immédiatement, signe un traité désastreux avec les Perses, rentre à Antioche, et meurt (364) près de Tyane. Si du côté des milieux cultivés, l’entreprise de J. réussit à susciter une certaine sympathie, elle se heurte en revanche à l’indifférence, voire à l’hostilité, de la masse. Il avait prêché dans le désert.
Bibliographie : J. Bidez, La Vie de l'Empereur Julien, 1930 ; M. Simon, La Civilisation de l'Antiquité et le Christianisme, 1972 ; L. Jerphagnon, Julien dit l’Apostat, 1986 ; Ouvr. coll. éd. par R. Braun et J. Richer, L’Empereur Julien : de l'histoire à la légende (331-1715), 1978.
JULIEN L'APOSTAT (Constantinople, 331-en Mésopotamie, 363 ap. J.-C.). Empereur romain, il régna de 361 à 363 ap. J.-C. Neveu de Constantin Ier le grand, il répudia le christianisme (d'où son surnom d'apostat que lui donnèrent les chrétiens) et rétablit les cultes polythéistes. Envoyé en Gaule par Constance II avec le titre de César pour la défendre contre les Barbares, il remporta de brillants succès et fut proclamé empereur par ses soldats révoltés refusant de partir pour l'Orient (361 ap. J.-C.). Devenu maître unique de l'Empire à la mort de Constance, Julien rejeta le christianisme. Il restaura la religion païenne, et interdit en général l'enseignement et les hautes fonctions aux chrétiens. Il mourut en 363 ap. J.-C. en combattant les Perses. Il laissa de nombreux écrits dont le plus célèbre est un traité antichrétien, Adversus Christianos. Après sa mort, cette renaissance païenne s'effondra. Voir Théodose Ier le Grand.
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