Databac

Jules II, Giuliano della Rovere

Jules II, Giuliano della Rovere (Albissola, près de Savone, 1443-Rome 1513); pape [1503-1513].

Après la mort, au terme d'un pontificat de vingt-six jours, du successeur d'Alexandre VI, le pieux et digne Pie III, c'est l'adversaire le plus farouche d'Alexandre, Giulano della Rovere, âgé de soixante ans, qui accède au trône pontifical en octobre 1503 à la suite d'un conclave qui ne dure que quelques heures. Il se voit placé devant la lourde tâche d'avoir à prendre en main l'héritage des Borgia. J. doit son ascension à son oncle, le pape Sixte IV, qui l'a nommé légat en France et cardinal d'Ostie. Ce personnage à la nature généreuse, doué d'une étonnante énergie, qui se distingue par son habileté, sa perspicacité, par un besoin vital d'agir, et qui, en outre, sait se montrer soucieux de venir en aide aux pauvres, est typiquement un homme de la Renaissance. A l'époque où il a été cardinal et, pour une brève période, un condottiere au service de l'Église, il s'est trouvé mêlé à la vie dissolue de son entourage, ce qui lui vaut d'être le père de trois filles naturelles. Mais après avoir été élu pape, il mène une vie digne et irréprochable. Il considère comme primordial le problème de la réforme de l'Église et de la restauration du prestige, alors très entamé, de l'Église et du pape. Mais, prisonnier d'une conception totalement médiévale de la papauté, il croit devoir affermir d'abord la puissance intérieure et extérieure de l'État pontifical avant de pouvoir entreprendre les réformes à l'intérieur même de l'Église. L'on peut voir un trait typique de son caractère dans le fait que, avant même d'avoir entamé ses campagnes contre les trois fronts que représentent Venise, la France et les villes rebelles de l'État pontifical, il a confié à Michel-Ange le soin de lui ériger un tombeau qui exprimerait toute la grandeur de la papauté. La célèbre campagne éclair de 1506 contre Pérouse et Bologne, où ses ennemis prennent la fuite dès qu'ils le voient arriver à la tête de 2 000 hommes seulement, mais accompagné de toute la Curie, enthousiasme les Romains qui lui réservent un accueil triomphal. Lorsque J., après avoir mené la guerre contre Venise aux côtés de la France, de l'Espagne et de l'Empereur, signe en 1510 une paix séparée avec Venise et fonde, avec cette fois Venise et Ferdinand d'Aragon, la Sainte Ligue dirigée contre les Français (1511), toute l'Italie acclame en lui le libérateur de la nation. La guerre qu'il livre contre la France plonge toutefois J. dans une situation extrêmement difficile. C'est aux Suisses qu'il doit de ne pas être totalement anéanti, et il décerne à leur troupe d'élite qui, aujourd'hui encore, protège le Vatican, la très célèbre garde suisse, le titre de « protectrice de la liberté de l'Église ».

JULES II, Giuliano Della Rovere (Albisola, 1443-Rome, 1513). Pape (1503-1513). Homme d'État et chef militaire plus que pasteur, mais aussi grand mécène, il fut la cible de la critique sévère des humanistes, comme Ulrich von Hutten et Érasme. Il dut son ascension à son oncle, le pape Sixte IV, qui le nomma cardinal (1471) tout en lui donnant d'importants bénéfices. Légat en France (1480-1484), il maintint son influence sous Innocent VIII mais, dénonçant le népotisme d'Alexandre VI Borgia, il dut vivre exilé et ne rentra en Italie qu'en 1503, année de son élection au pontificat. La grande oeuvre de Jules II sera désormais de libérer politiquement le Saint-Siège et d'asseoir sa puissance spirituelle par la force militaire. Politique habile et bon soldat, il élimina d'abord César Borgia (1504), annexa ses possessions, conduisit avec succès une expédition contre Pérouse et Bologne (1506), puis forma avec la France, l'Espagne et l'empereur la ligue de Cambrai (1508) contre Venise, trop souvent opposée à la politique pontificale. Vainqueur, Jules II se retourna contre le roi de France, Louis XII, afin de s'affranchir de sa puissance. Il coalisa contre celui-ci l'Angleterre, l'Espagne, la Suisse et Venise (Sainte Ligue, 1511) et chassa les Français du Milanais (1512). Peu soucieux de la réforme spirituelle de l'Église, Jules II laissa toute liberté aux humanistes. Son souvenir reste surtout celui du plus grand mécène de la Renaissance. Il embellit Rome en employant Raphaël, Michel-Ange et Bramante. Sont dus à son mécénat le Moïse de Michel-Ange, les peintures de la Chapelle Sixtine et les fresques de Raphaël au Vatican. Voir Humanisme.

Liens utiles