Joseph Kessel
Né à Clara (en Argentine) en 1898 de parents russes, Joseph Kessel suit ses études à Orenburg dans l’Oural, puis en France où il obtient une licence de lettres classiques. Après la première guerre, il effectue de nombreux reportages en Extrême-Orient. Grand Prix du roman de l'Académie française en 1927 après sept romans et nouvelles, Joseph Kessel écrit en 1942 le Chant du partisan en collaboration avec son neveu Maurice Druon. Reçu à l'Académie française en 1964, Joseph Kessel publie régulièrement des récits et des reportages qui ont la faveur du grand public. Bourlingueur impénitent journaliste intrépide, conteur inspiré, Joseph Kessel est un écrivain prolifique, dont les récits les plus célèbres tiennent de la fresque, tant pas l’ampleur de leurs perspectives que par la profusion d’images et des personnages qui les animent. Que ce soit dans l’univers confiné de Belle de Jour où une bourgeoise s’adonne à des amours proscrites par sa condition, parmi les aventuriers de Fortune carrée, dans la faune interlope du Paris des années 20 qu’il fait vivre dans son vaste roman Le Tour du malheur et surtout dans Les Cavaliers, on sent chez Joseph Kessel une propension à montrer par des visions panoramiques des êtres qui se révèlent à leur vraie nature ou à leur vraie force au contact d’un événement ou d’une situation exceptionnelle, comme si le monde n’était pas à la mesure de leurs rêves, de leurs ambitions, ou de leur folie. Son désir éperdu d’embrasser les terres les plus éloignées, d’agiter des projets immenses, lié à son expérience de l’aéropostale, dont il a magnifié « le chemin de l’infini » dans sa biographie de Mermoz, est également pour lui un moyen de conférer un sens concret à l’absolu grâce à l’amitié qui unifie des passions latentes et à la conscience commune d’un destin à réaliser qui engage à braver l’impossible. L’auteur de L’équipage a aéré la littérature en y introduisant les grands espaces — la steppe herbeuse et la montagne aride — dans des romans à la frontière entre le reportage sur le vif et l’épopée lyrique, et à l’écriture sans autre recherche que celle du paroxysme de l’action et de « la poésie des siècles et de la poussière humaine ». Ce pourrait bien être en effet une légende des siècles écrite par un Victor Hugo qui saurait piloter un avion monoplace que présente Joseph Kessel avec ses déplacements de nomades, ces déferlements tumultueux des « hordes aryennes des phalanges d’Alexandre, des disciples de Bouddha», indomptables traqueurs d’éternité. «Amalgame de souvenirs, de transferts et de fiction pure », l’univers composite et cosmopolite de Joseph Kessel exalte la dignité à travers un réalisme qui rassemble dans une même exubérance la violence, la corruption et des moments d’éternité.
► Principaux titres
Romans chez Gallimard : La steppe rouge, 1922 ; L'Équipage, 1923 ; Les Captifs, 1926 ; Belle de Jour, 1929, porté à l'écran par Luis Bunnuel ; La passante du Sans-souci, 1936 ; Le Lion, 1958 ; Les cavaliers, 1967 ; Le Tour du Malheur, 1974, 4 vol. nouvelle édition ; Vladivostok, les temps sauvages, 1975. Récits et reportages Mémoires d'un commissaire du peuple, 1925, Champion ; Les Nuits de Sibérie, 1928, Flammarion ; ’ Vent de sable, 1929, Gallimard ; L'Armée des ombres, 1946, Julliard ; Le Bataillon du ciel, 1947, Gallimard ; Des hommes, 1972, Gallimard ; La Vallée des rubis, 1973, Gallimard.
KESSEL Joseph. Ecrivain français. Né à Clara (Argentine) le 10 février 1898, de parents russes, mort le 23 juillet 1979. Il passe une partie de son enfance chez ses grands-parents maternels à Orenbourg, au pied de l’Oural, avant de poursuivre ses études en France au Lycée de Nice puis à Paris au Lycée Louis-le-Grand (en 1914). Il fait une licence de lettres en Sorbonne et des études pour devenir comédien. Il s’engage en 1916 dans l’aviation. Après la guerre, il voyage aux Etats-Unis, fait des reportages sur la Chine, l'Indochine, l’Inde et Ceylan. De ses expériences, il tire la matière de ses premiers romans — L'Equipage (1923) —, des récits et des reportages .Mémoires d’un commissaire du peuple (1925) et Les Rois aveugles (1925) qui lui vaudront le Grand Prix du roman de l’Académie Française en 1927. Dès lors, l’oeuvre se développe à un rythme accéléré, parallèlement à une vie d’homme d’action. Kessel participe en 1936 à la guerre d’Espagne. En 1940, il est correspondant de guerre, en 1941 il entre dans la clandestinité puis, en 1942, passe en Angleterre où il devient capitaine d’escadrille. Il écrit le Chant des partisans avec son neveu Maurice Druon. Il est élu à l’Académie Française en 1963 et poursuit ses voyages en Inde, au Brésil, en Afghanistan. Pour Joseph Kessel, la littérature est l’expression d’aventures vécues dont il rend de façon réaliste le foisonnement et le mouvement dramatique. L’auteur était là, il dit ce qu’il a vu et c’est son tempérament qui impose à l’oeuvre sa force persuasive. Tout naturellement, l’ensemble des ouvrages de Joseph Kessel — près de quatre vingts volumes — suit les phases essentielles de son existence. On y trouve toute une imagerie violente évoquant la Russie d’après la Révolution d’Octobre (La Steppe rouge (1922), Le Journal d’une petite fille sous le bolchevisme (1926), ou les émigrés russes venus se réfugier à Paris (Nuits de princes, , 1927). Il y a l’évocation de la fraternité qu’engendrent la guerre ou les dangers, soit qu’un homme seul les ait courus (Mermoz, 1938) ou qu’ils aient été connus en commun : L’Equipage, Vent de sable (1929), Fortune carrée (1930). Il y a enfin les reportages rapportés de pays plus ou moins lointains (En Syrie, 1927, Dames de Californie, 1928) ou puisés dans la faune des hors-la-loi (Bas-fonds, 1932, Nuits de Montmartre, 1932). La Seconde Guerre opère une coupure dans le ton général de l’oeuvre. La curiosité de Kessel demeure toujours vive, mais elle se teinte de pitié pour parler des drogués de La Tour du malheur (1950) ou des alcooliques (Avec les alcooliques anonymes, 1960) ou d’un petit mendiant bossu (1952). Il se veut, comme l'indique un de ses titres, Témoin parmi les hommes (1956). Dans cette oeuvre où la psychologie de la perversion (Belle de jour, 1928) a occupé une certaine place, se fait jour une fraîcheur toute poétique avec Le Lion (1958), qui raconte l’amour que porte une fillette à un superbe lion du Kilimandjaro. Les voyages que Joseph Kessel effectue en 1966 pour le compte de l’organisation Mondiale de la Santé lui permettent d’approcher de civilisations encore mal connues comme celle dont il décrit les moeurs, hautes en couleur dans Les Cavaliers (1967), roman consacré aux Afghans des steppes qu’exalte « une liberté merveilleuse et sauvage ». Enfin, parlant devant l’Académie Française, il revendique hautement son appartenance au judaïsme, de même qu’il en avait témoigné dans Terre de feu (1948) publié au moment de la création de l’Etat d’Israël.
Romancier d’origine russe, né en Argentine. Après avoir terminé ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand à Paris, il s’engage, en 1916, dans l’aviation. Son premier grand roman, L’Équipage (1923), bénéficiera de cette expérience. Six ans avant Courrier Sud, les principaux thèmes de Saint-Exupéry sont ici amorcés. Mais Kessel n’est pas un moraliste. Ce qu’il chante, ce qui le fascine, c’est l’aventure pour elle-même. Sur ce chapitre, sa curiosité boulimique va du héros jusqu’au hors-la-loi. Pourtant, ce n’est là encore que la «première manière » de Kessel (depuis La Steppe rouge, son premier récit) dont l’exemple le plus éclatant reste Fortune carrée (1931), où se conjuguent avec allégresse le réalisme le plus cru - dans l’esprit et le ton du « grand reportage » - et l’abandon au lyrisme d’une âme véritablement romantique. Après la Seconde Guerre mondiale, où il fut encore aviateur (FFL), un nouveau Kessel apparaît (déjà, dans Le Tour du malheur, 4 volumes, 1950) : mûri, semble-t-il. Et presque poli, à l’occasion, ou plutôt rentrant ses griffes (ainsi dans l’admirable fantaisie poétique du Lion, 1958, qu’anime la fraîcheur d’une petite fille), mais non assagi pour autant; ni rassasié encore de bruit, de lumière et de mouvement (Les Cavaliers, 1967).